Ce pari fou paraissait aussi délirant qu'impossible. Et pourtant. Samedi soir, 2000 spectateurs ont assisté et fêté un spectacle unique en son genre dans la mythique salle de l'Olympia. Philippe Risotto, manager fictif du groupe Airnadette, savoure devant une salle comble : "En 55, c'était une centaine de sièges arrachés pour Gilbert Bécaud. En 2013, des milliers de doigt d'honneur pour Airnadette !", lâche-t-il devant les hourras d'un public conquis.
Un concert énergique
A en croire l'air incrédule et dubitatif de certains badauds s'arrêtant devant l'Olympia, les légendaires grosses lettres indiquant le spectacle du soir ont suscité des interrogations. Airnadette, premier groupe de air (communément appelé un airband) à investir l'Olympia, était la tête d'affiche d'une soirée événement. Comme des rockstars, le sextet a assuré un show millimétré et énergique, non dénué de surprises, et surtout, irrésistiblement divertissant. Emmené par l'élastique et déchaîné Gunther Love, qui n'est autre que le compagnon fou amoureux de l'animatrice télé Daphné Bürki et futur papa de son second enfant, Airnadette a rempli son contrat, terminant son l'Olympia comme un apothéose, conclusion de quatre ans de travail et près de 300 concerts.
Devant de nombreux people présents pour l'occasion, d'Aure Atika à Bruce Toussaint, Airnadette a dévoilé un concert parfaitement rodé. A bas les fauteuils d'une salle de spectacle, place à une fosse, comme un vrai groupe de rock. Il faut dire qu'Airnadette envoie joliment. Six hurluberlus aux personnalités très différentes - répondant aux noms de Chateau Brutal, Scotch Brit, M-Rodz, Jean-Françoise, Moche Pitt et bien sûr Gunther Love – viennent de se rencontrer. Ils aiment la musique, ont des styles différents et rêveraient de tournées mondiales. Choses que va leur offrir Philippe Risotto, manager dont la philosophie est la sublimation de la "fucking money" (comprendre l'argent qui vous reste encore dans le porte-monnaie alors que vous avez tout dépensé).
Pendant une heure et demie, le airband manie le play-back à merveille, presque aussi bien que Britney Spears et Madonna. Sur la scène de l'Olympia, ils déroulent leur show, mis en scène par Pef (Pierre-François Martin-Laval), et égrènent leurs invités du soir, de Stéphane Plaza au chanteur Matthieu Chedid (M) qui s'est essayé avec brio au air sur son dernier tube Mojo.
Radiographie d'un succès
Les ingrédients du succès d'Airnadette sont assez simples : le subtil mélange entre des dialogues chipés à des classiques du cinéma (Du Retour vers le futur de Zemeckis au Père Noël est une ordure de Poiré ou le Titanic de Cameron) à des titres musicaux connus de tous, chantés à l'aide d'une brosse à cheveux et instrumentalisés à base de mimes. Tout comme les références prises au septième art, Airnadette brasse les styles, si bien que l'on peut passer sans gêne d'un titre du groupe rock Korn (Twist) au Staying Alive des Bee Gees, sans oublier des hommages aux comédies musicales Le Roi Lion ou West Side Story.
Qu'on se le dise, la comédie "musiculte" Airnadette s'est bien offert un triomphe dans la légendaire salle parisienne, pastichant des grands classiques français, tournant en dérision l'industrie de la musique et ses poncifs (drogues, séparation trash...). Sur scène, le groupe détone, déverse son énergie et prend son pied. A l'image des nombreux bains de foule pratiqués comme des rockstars décomplexés, Airnadette a fait participer son public. Pour le plus grand plaisir de ce dernier, qui le lui a bien rendu en standing ovations passionnées. Et si méritées.
Christopher Ramoné