Mercredi 12 juin, Henry Cavill jouait à domicile à l'occasion de l'avant-première européenne de Man of Steel à Londres. Originaire de l'île de Jersey, le costume droit, l'allure sereine et le visage plastique, Henry Cavill savoure en silence ce qui constitue pourtant un tournant de carrière. Le nouveau Superman, c'est lui. Star du reboot orchestré par la Warner avec l'ombre de Christopher Nolan planant au-dessus d'un Zack Snyder (300) metteur en scène, Henry Cavill va voir sa carrière soudainement s'envoler. Pourtant, à l'heure de prendre les commandes du box-office international et de faire virevolter les billets verts, Henry Cavill est méconnu du grand public, et notamment comparé à ses partenaires à l'écran comme sur le tapis rouge, la superbe Amy Adams, Russell Crowe ou même le vilain du film, Michael Shannon (Take Shelter).
Aujourd'hui âgé de 30 ans, Henry Cavill fait partie de cette génération d'acteurs dont la carrière monte crescendo, avant une explosion au grand public. Sous les projecteurs de Man of Steel où il revêt le costume légendaire de Superman, Henry Cavill est à découvert. Après avoir reçu une éducation traditionnelle sur l'île de Jersey et ses 97 000 habitants, c'est par le théâtre (une tradition chez les Britanniques) et la Stowe School de Buckingham qu'il découvre le métier d'acteur. Il aurait très bien pu connaître une carrière fulgurante après un premier rôle remarqué dans une production candienne (Laguna) où il jouait un mafieux au côté d'Emmanuelle Seigner et Charles Aznavour. Mais non, son destin en décidera autrement.
Comme beaucoup d'acteurs britanniques, Henry Cavill se forgera une expérience dans des séries télévisées (Meurtres à l'anglaise) ou dans d'obscures productions aux retombées très diverses (il a joué dans une version du Petit Chaperon Rouge que les spectateurs ont très peu appréciée). Cinq ans après sa première apparition au cinéma, Henry Cavill voit enfin le bout du tunnel lorsqu'il accepte de donner la réplique à James Franco dans Tristan & Yseult. Le film n'est pas un grand succès, pas plus critique que public, mais il permet au jeune acteur d'inscrire son nom aux castings de Stardust (avec une floppée de stars de Claire Danes à Robert De Niro) ou Whatever Works, de Woody Allen.
C'est pourtant bien avec un second rôle, en 2007, que la carrière du bonhomme de Jersey prend enfin son envol. Et ce sera par le petit écran, avec Les Tudors, où il campe le duc de Suffolk, Charles Brandon. Il devient le rival physique de Jonathan Rhys Meyers, ne laissant pas insensibles les belles créatures que sont Natalie Dormer et Sarah Bolger. Quelque 38 épisodes plus tard, Henry Cavill est enfin un nom en Grande-Bretagne, et Hollywood lui fait les yeux doux. Il exposera ses beaux abdominaux dans Les Immortels (de Tarsem Singh), avant de jouer dans un film d'action (Sans Issue) et de signer pour camper Superman dans le reboot du super-héros à la culotte rouge. Un rôle majeur, que Henry Cavill n'a jamais tenu sur ses épaules. Un pari pour la Warner, qui prenait le risque d'engager un acteur confiné aux seconds rôles, alors qu'il avait confié à Christian Bale (déjà bien bankable) le soin de redorer le blason de Batman avec Chris Nolan à sa tête.
Après dix ans de carrière et une touche non négligeable chez les studios américains comme en Grande-Bretagne, Henry Cavill est sur la voie du succès. Man of Steel devrait sans doute faire de lui un acteur à son tour bankable, sur lequel des projets (qu'il espère ambitieux et intéressants) pourront reposer. Au point même qu'il se murmure chez Guy Ritchie – d'ailleurs présent sur le tapis rouge londonien de Man of Steel – qu'il serait le remplaçant idéal de Tom Cruise pour The Man From U.N.C.L.E.
Christopher Ramoné