Ce mercredi 27 avril, la France a rendu hommage au talent de Michel Bouquet. Comme pour Jean-Paul Belmondo avant lui, l'acteur, disparu le 13 avril dernier à 96 ans, a eu droit à cet ultime moment de gloire présidé par Emmanuel Macron, sans cercueil puisque Michel Bouquet a été inhumé dans le plus stricte intimité dans la commune d'Étais-la-Sauvin dans l'Yonne le 15 avril dernier. Un détail qui n'aurait sûrement rien changé pour Muriel Robin, anéantie par la disparition de cette figure de la comédie.
L'humoriste était l'une des rares à prendre la parole lors de la cérémonie. Un discours poignant au cours duquel elle a laissé échapper quelques larmes : "Monsieur, vous m'avez ouvert les portes d'un si vaste monde: le théâtre. (...) Grâce à vous, j'ai découvert les mots, leurs poids, leurs finesses. (...) Vous ne conceviez pas notre métier autrement que comme une révérence au texte. (...) L'humilité, rien que l'humilité, à votre image." Muriel Robin a poursuivi : "Je souhaite à tous les comédiens du monde de croiser un jour la route d'un monsieur Bouquet, un maître capable de vous alléger le pas et d'emplir vos coeurs de l'amour du théâtre et vos mains des outils les mieux affûtés. Je crains pourtant que vous ne soyez partis en omettant de nous laisser le moule de votre savoir-faire et celui de votre élégance. (...) J'ai toujours vu en vous un géant. L'heure de prendre congé de vous est venue. Très haut sur vos échasses, la tête dans les nuages, vous vous éloignez doucement. (...) Les trois coups retentissent. Le rideau se lève. Le roi se meurt. Pas vous, pas toi ! Non, surtout pas toi. Je t'embrasse de toute mon âme. Avec ce tutoiement que j'ai enfin su te donner la dernière fois que nous nous sommes vus."
Michel Bouquet était l'un des plus grands comédiens de sa génération. Sa carrure, son talent, son aisance et sa sensibilité ont inspiré les grands noms de la scène et cinéma d'aujourd'hui. Muriel Robin la première. L'humoriste et comédienne de 66 ans s'est montrée bouleversée par la disparition de ce mythe qui lui a sauvé la vie : "Après le Conservatoire, je lui ai dit que je retournais à Saint-Etienne car ce métier n'était pas pour moi. On marchait sur les boulevards, je lui tenais le bras, et il m'a dit : "C'est hors de question." Plus tard, je remplissais déjà des Zéniths, et j'ai dit que j'arrêtais. Il m'a dit : "Tu n'as pas le droit, c'est un devoir." Je l'ai écouté. Il m'a empêché de mourir. C'était un père, un repère. J'ai une chance folle et encore une fois, un bonheur et un honneur, que Michel Bouquet s'intéresse à moi, c'est que je valais peut-être quelque chose. Pour quelqu'un qui n'a pas confiance en soi, comme moi, ça empêche vraiment de mourir" déclarait-elle à Franceinfo.
Muriel Robin n'est pas la seule à avoir fait part de son chagrin en apprenant la mort de Michel Bouquet le 13 avril dernier. Sur les réseaux sociaux, le monde de la Culture avait rendu hommage à l'artiste. Franck Riester, ex-ministre, saluait "un géant de la scène française", Roselyne Bachelot, qui lui a succédé, évoquait "un acteur adoré des téléspectateurs." Emmanuel Macron avait qualifié l'acteur disparu de "monstre sacré." Un fait sur lequel Fabrice Luchini ne pouvait qu'être d'accord. Comme il l'a si bien dit, Michel Bouquet était "l'acteur qui a le plus compté pour [lui]" : "C'est la plus belle rencontre de ma vie. Il m'a appris la puissance de la voix, la puissance de la soumission à l'auteur, le silence, la maîtrise de la technique, la drôlerie." Il n'avait évidemment pas le coeur à rire aujourd'hui.