L'ouvrage autobiographique de Simone Veil s'intitule Une vie. Extraordinaire et impressionnante, marquée par les drames et les accomplissements, la vie de la rescapée d'Auschwitz-Birkenau est plus que jamais sous le feu des projecteurs depuis l'annonce de son décès à 89 ans, le 30 juin. La France toute entière lui rend hommage ce 4 juin aux Invalides, face à sept cents invités, membres de la famille et officiels, ainsi qu'une foule d'anonymes en rangs serrés dans la cour d'honneur du monument, sobrement parée de deux drapeaux tricolores. Avant l'éloge funèbre et l'annonce solennelle par le chef de l'État Emmanuel Macron que l'académicienne reposerait avec son mari Antoine Veil au Panthéon, ses deux fils ont livré des discours bouleversants.
Le cercueil de celle qui fut longtemps la personnalité la plus aimée des Français a fait son entrée par le péristyle de la cathédrale Saint-Louis des Invalides, recouvert du drapeau tricolore et porté par des Gardes républicains au son de la Marche funèbre de Chopin. Valéry Giscard d'Estaing, dont Simone Veil fut l'emblématique ministre de la Santé était absent tout comme Jacques Chirac, représenté par son épouse Bernadette et leur fille Claude, tandis que Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient présents.
Lors de l'hommage national, ses fils Jean et Pierre-François Veil ont prononcé des discours poignants, évoquant ses souvenirs de déportation, tout en rappelant qu'avant d'être une icône, elle était une femme, leur mère. "Cet hommage national est ton ultime victoire sur les camps de la mort", a lancé Pierre-François. Son frère Jean a surpris l'assemblée en concluant ainsi son discours : "Je te pardonne d'avoir versé sur ma tête l'eau de la carafe alors que nous étions à table, sous prétexte de propos que tu jugeais misogynes. Je t'aime, maman."
Le président de la République Emmanuel Macron a ensuite pris la parole pour l'éloge funèbre solennel : "Suspendons un instant les discours officiels et contemplons cette vie", a-t-il déclaré. Une existence marquée par les épreuves – la Shoah, la mort trop précoce de son fils Claude-Nicolas puis celle de son mari Antoine Veil – et par les combats – la légalisation de l'avortement ou encore la construction européenne – qui sera honorée éternellement au sein du Panthéon. Une décision qui a été prise en accord avec la famille qui souhaitait que le couple très uni ne soit pas séparé.
Étaient également présents les anciens Premiers ministres Bernard Cazeneuve, Manuel Valls, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Lionel Jospin, Alain Juppé, les présidents de l'Assemblée François de Rugy et du Sénat Gérard Larcher, la maire de Paris Anne Hidalgo et la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, les anciens ministres Rachida Dati, Nathalie Kosciusko-Morizet, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, Marisol Touraine, François Baroin. Marine Le Pen a évoqué des raisons personnelles pour justifier son absence à la cérémonie.
A l'issue de la cérémonie des Invalides, la dépouille de Simone Veil est inhumée au cimetière du Montparnasse, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, prononçant l'oraison funèbre. Conformément aux souhaits de la défunte, le kaddish, la prière juive de sanctification, devait être dite.