L'intimité, avec Isabelle Adjani, c'est toujours une question de passion. Et si elle fut discrète et mystérieuse pendant de longues années, décrite comme distante et froide avec les médias par exemple, Isabelle Adjani rattrape le temps perdu. La star de La Reine Margot sera à l'honneur dimanche 5 mai sur ARTE, à l'occasion d'une soirée spéciale qui la verra évoluer dans son dernier grand film, La Journée de la Jupe, avant d'être l'objet d'un documentaire très attendu et d'ores et déjà salué par la presse, Isabelle Adjani, 2 ou 3 choses qu'on ne sait pas d'elle, à 22h10.
Sous les projecteurs, en toute simplicité, Isabelle Adjani se dévoile, sans le contexte promotionnel d'un film à soutenir. Pour Paris Match, la grande actrice aux yeux bleus perçants et aux 5 César de la meilleure actrice s'est prêtée au jeu des confessions. Sa relation "douloureuse parce que très passionnelle" avec son père, les multiples refus, de Bergman à Buñuel ou Godard, en passant par sa relation avec son fils, Barnabé, qui a composé la musique du documentaire diffusé sur ARTE... Tout y passe.
Pour celle qui a "toujours essayé de privilégier tant bien que mal la vie", c'est un retour sur soi, son passé, qui est effectué avec ce documentaire. L'actrice s'y dévoile et se découvre. Dans les colonnes du magazine, elle passe de longues lignes à évoquer son père, pour qui "c'était péché" d'espérer devenir une actrice, "même si ma réussite l'a rendu fier ensuite", se laisse-t-elle dire. Ce père, c'est "un tempérament explosif [...] très lourd à porter", une "sévérité abusive", un homme qui lui "criait dessus" trop souvent. Ce père, elle le garde en mémoire et le respectera dans chacun de ses choix, comme lorsqu'elle refuse les avances de Marlon Brando ou refuse de tourner pour Jean-Luc Godard (et le film Prénom Carmen) parce que son papa est en train de mourir. Son enfance, "ça aurait dû être la fin du monde, dieu merci ça n'a été qu'invivable", confie-t-elle, évoquant une "mère pétillante et extravertie" qui "maintenait l'équilibre".
Alors, jeune, elle s'était infligée une consigne imparable mais tellement dure à tenir : "'Ne raconte pas aux gens ce que tu ressens, ne te confie pas'." Elle attendra longtemps avant de dévoiler son histoire. Et pour cause, son "existence aura été celle d'une actrice, pas d'une femme", conditionnée par des choix et des refus. Ainsi, elle raconte avoir refusé Luis Buñuel pour un mal de dents, Pialat pour éviter de se "farcir un deuxième" père criard, ou encore un couple avec François Truffaut. Mais pour des bonnes causes parfois, comme révéler indirectement Juliette Binoche dans Rendez-vous, d'André Téchiné.
En revanche, elle ne cache pas son amour pour son ex-compagnon Bruno Nuytten, le réalisateur de Camille Claudel. "Un immense metteur en scène", avec qui elle aurait "aimé que beaucoup d'autres films existent", crie celle qui affirme que son "envie d'être dirigée par lui qui sera toujours là".
Son autre grand amour, c'est Barnabé, son fils aîné (il y a eu Gabriel-Kane en 1995 avec Daniel Day-Lewis), né en 1979 de son union avec Bruno Nuytten. Dans le documentaire, il lui dédie même une chanson, Le bruit qui court - inspirée par la rumeur de sida qu'avait subie sa mère -, comme pour illustrer en des mots forts le fait que "les enfants souffrent toujours des épreuves qui arrivent aux parents".
Interview à retrouver dans son intégralité dans "Paris Match" en kiosque dès le 2 mai.