
Chez les Chirac, le cas de Laurence, la fille aînée du clan, a toujours été traité avec délicatesse dans les médias. Touchée par la méningite alors qu’elle n’avait que quinze ans, la grande sœur de Claude Chirac développa une sévère anorexie mentale qui lui coûtera la vie le 14 avril 2016. Une maladie que Bernadette Chirac évoquait pudiquement dans les colonnes de Paris Match deux ans avant le drame, en 2014, à l’occasion de l’anniversaire de La Maison de Solenn, un établissement traitant l’anorexie, ouvert en l’honneur de la fille de Patrick Poivre d’Arvor, elle aussi souffrante de cette même maladie.

Lorsqu’on lui demandait en quoi elle se sentait personnellement impliquée par ce genre d’établissement, Bernadette Chirac, en tant que Présidente de la Fondation Hôpitaux de Paris – Hôpitaux de France à l'époque déclarait: "Il est certain que si ma fille aînée, Laurence, n’avait pas été frappée par cette terrible maladie qu’est l’anorexie mentale, je ne me serais jamais aperçue des complications pour trouver ce genre d’établissement. J’ai donc découvert qu’il n’y avait rien. J’ai pensé non seulement à Laurence mais aussi à tous les parents désorientés par la maladie. D’où mon combat et ma détermination."
Pendant près de trente ans, Laurence Chirac ne se remettra jamais vraiment des complications de sa méningite contractée lors de son adolescence. Pendant trois décennies, l’aînée du clan Chirac vivra des retours en grâce et des rechutes. Loin d’aimer l’exposition médiatique imposée par son célèbre père et ses ambitions parisiennes puis nationales, Laurence Chirac se laissera toutefois amadouer par Patrick Poivre d’Arvor en 1984, devenant standardiste chic et choc dans l’émission À nous deux, avant de retrouver les bancs de la faculté de médecine, qu’elle terminera deux ans plus tard avec une thèse saluée par ses pairs. Elle ne pratiquera que quelques années avant de replonger dans une forme (toujours plus aiguë) d’anorexie.


Bernadette Chirac s’est toujours interdite de conduire sa fille Laurence dans des centres spécialisés tels que La Maison de Solenn. "Je ne sais pas comment elle réagirait devant ce mal-être, car si Laurence en est aujourd’hui sortie, cela laisse des traces, déclarait l’ancienne Première Dame deux ans avant la disparition de sa fille, dans Paris Match. Comme des habitudes d’une existence à part, qui implique de ne jamais rester seule. Dans pareille situation, il faut une présence gaie, pas bruyante, ni fatigante. Laurence, très brillante, était promise à un bel avenir comme médecin." Le destin et la maladie en décideront malheureusement autrement.
De la maladie de sa fille Laurence, Jacques Chirac n’en parlera jamais vraiment de façon publique. Non pas qu’il s’en détachait, mais la pudeur le retenait. Très affecté par le mal qui rongeait son aînée, l’ancien maire de Paris souffrait en silence. Auteure d’un livre sur le couple Chirac, la journaliste Candice Nedelec évoquait cette souffrance sourde sur BFMTV en avril 2017, à l’occasion de la sortie de son ouvrage. "Il en parlait peu, en effet, il a gardé ça pour lui , révélait la journaliste. Autant Bernadette Chirac s’est exprimée à plusieurs reprises sur sa fille. Lui, il a agi, il a agi beaucoup pour elle, il s’est battu, il a consulté tous les médecins, il en a même parlé à des sportifs pour savoir si une activité physique pouvait donner envie de se nourrir et de vaincre ce mal. Il n’en a pas parlé publiquement, c’est vraiment une douleur énorme pour lui."

Jusqu’au dernier moment, Jacques Chirac pensait qu’il pourrait aider et sauver sa fille Laurence face à son anorexie. Allant jusqu’à mettre en place un coûteux stratagème, alors qu’il était locataire de l’hôtel de Matignon. "Il s’est battu, ajoutait Candice Nedelec. Lorsque les médecins lui ont conseillé de déjeuner avec elle tous les jours, alors qu’il était Premier ministre, il allait jusqu’à faire deux déjeuners pour la rejoindre entre midi et deux." Une technique touchante. L’histoire ne dira pas si elle finit par porter ses fruits.
"Pendant ces années d’anorexie, à l’Hôtel de Ville, les rapports entre Laurence, son père et l’entourage en général étaient un peu tendus, se souvenait Bernadette Chirac dans les colonnes de Paris Match. Heureusement, c’est très apaisé aujourd’hui et nous allons passer Noël ensemble avec Laurence, Claude, Frédéric, son mari, et Martin… Jacques en est très heureux." Deux ans après cette déclaration pleine de joie, le 14 avril 2016, Laurence finira par laisser l’anorexie gagner sur son corps et s’éteindra des suites d’un malaise cardiaque. Alors en fonction à la tête de l’État, Jacques Chirac ne s’en remettra jamais vraiment.