Un choc. L'Italie toute entière est choquée. Mercredi soir s'est produit sous les yeux de 5 millions de spectateurs, bloqués sur la chaîne Rai 3, un scandale sans précédent. L'émission Chi l'ha visto ?, le Perdu de vue italien présenté chaque semaine par Federica Sciarelli, vient de franchir un cap dans le trash que personne ne cautionne ici en France. En direct, une mère a appris le viol et l'assassinat de sa fille par l'oncle de cette petite.
En pleine émission (vidéo ci-dessus), tous concentrés à élucider la disparition de Sarah Scazzi, 15 ans, que personne n'avait plus vue depuis fin août, la maman reçoit subitement un coup de téléphone de la police. En direct toujours, car loin de l'idée des producteurs de couper les caméras, Concetta apprend que son beau-frère est en plein interrogatoire et la police lui révèle les aveux de l'oncle Michele. Il a violée la gamine puis l'a tuée. Concetta encaisse et reste stoïque, bouffée par la douleur et l'incompréhension. Sans voix durant 11 minutes. En direct devant son pays entier. L'animatrice, qui se délecte de la situation, lit la macabre et sanglante déclaration de l'homme. L'audience grimpe de 40 %.
Certains italiens sont outrés, certes, mais c'est tout de même passé sur leur écran.
En France, un tel scénario semble inimaginable.
Jacques Pradel, qui animait Perdu de vue, a réagi dans Le Parisien : "C'est épouvantable. Je n'ai jamais entendu parler d'une révélation pareille en direct. C'est une dérive extrêmement grave. Ceux qui ont fait ça sont indignes du métier. Dans Perdu de vue, en cas de décès, on ne le révélait jamais à l'antenne devant un proche. C'était hors caméra. La personne humaine se respecte. La télévision française ne se permettrait pas une telle dérive. Les patrons de chaîne et les producteurs n'ont pas la même culture qu'en Italie."
Rachid Arhab quant à lui, qui est conseiller au CSA, chargé de la déontologie, explique que c'est intolérable : "Il m'étonnerait qu'en France une chaîne franchisse ces limites. Le CSA ne le tolèrerait pas. Les chaînes ont des conventions qui leur imposent le respect de la dignité humaine. Depuis cet été, nous menons une réflexion sur la téléréalité. Nous avons constaté des tendances négatives mais pas de dérapages aussi graves..."
Pour le moment.