L'histoire de Jafar Panahi est digne d'une tragédie sur grand écran, mais elle malheureusement bien réelle.
Condamné en décembre 2010 pour "activités contre la sécurité nationale et propagande contre le régime" à six ans de prison et vingt ans d'interdiction de réaliser ou écrire des films, le cinéaste iranien avait refusé l'exil.
Il avait cependant fait appel. Aujourd'hui, un membre de la famille cinéaste déclare que la cour iranienne confirme la condamnation du cinéaste : "Le jugement a été rendu il y a deux semaines mais n'a pas encore été appliqué et Jafar Panahi demeure libre pour l'instant." L'information a été relayée par un journal gouvernemental.
De son côté, l'avocate du cinéaste, Farideh Ghairat, ne confirme pas officiellement : "Nous n'avons pas reçu d'information sur ce verdict qui ne nous a pas été confirmé."
C'est parce qu'il avait ouvertement manifesté son mécontentement après la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009 que le réalisateur avait été visé par le gouvernement. Après avoir participé à des manifestations et à une cérémonie en hommage à une manifestante décédée, il avait été retenu prisonnier avec sa famille en Iran pendant le festival de Cannes 2010, alors qu'il était invité comme membre du jury. Le milieu artistique s'était logiquement soulevé pour défendre le cinéaste.
Récemment, Jafar Panahi, 51 ans, déclarait que sa présence en Iran était plus importante que tout : "Que je le veuille ou non, je suis devenu un symbole. Si je partais, tout le sens de mon travail serait perdu."
Après avoir purgé sa peine, Jafar Panahi ne pourra pas se rendre à l'étranger, sauf pour participer au pélerinage à la Mecque ou pour raisons médicales. Mohammad Rassoulof, un jeune réalisateur qui travaillait avec Jafar Panahi, a vu sa peine réduite à un an de prison.
Le 28 septembre, le documentaire réalisé Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb, Ceci n'est pas un film, est sorti dans les salles françaises. Il relate l'attente de Panahi de son verdict de la cour d'appel, proposant alors un aperçu de la situation actuelle du cinéma iranien.