Ce matin à 1h, heure française, le jury du tribunal de Centennial, dans l'Etat du Colorado, rendait son verdict dans le procès de James Holmes, l'auteur de la tuerie d'Aurora qui avait choqué les Etats-Unis en 2012. Et ce dernier, en dépit des 166 chefs d'accusation qui pesaient contre lui, a échappé à la peine de mort faute d'unanimité entre les jurés.
Pour le meurtre de 12 personnes dans un cinéma lors d'une projection du dernier Batman, The Dark Knight Rises, James Holmes va donc écoper de la prison à perpétuité. Impassible, le jeune homme de 27 ans a écouté debout, mains dans les poches, les conclusions du jury dans un tribunal situé non loin de là où s'est déroulée le massacre. Si le terrible assassin doit désormais avoir une idée de la peine qui sera prononcée par un juge, Carlos Samour, entre le 24 et 26 août prochains, il sait d'ores et déjà qu'elle va susciter un grand débat.
"Nous ne sommes pas parvenus à un verdict unanime (...) Nous nous attendons à ce que la Cour impose une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de liberté conditionnelle", a déclaré à la cour l'un des membres du jury, composé de neuf femmes et trois hommes. James Holmes, désormais brun (après avoir arboré sa chevelure orange), n'a esquissé aucune réaction. En revanche, du côté de la partie civile, cette peine de mort évitée a fait naître un sentiment plus qu'amer. "Justice n'a pas été faite", tonnait Robert Sullivan, le grand-père de la fillette de 6 ans tombée sous les balles d'Holmes dans la nuit du 19 au 20 juillet 2012. "Quoi qu'il arrive, la douleur restera. Quoi qu'il arrive, douze personnes ne reviendront pas", a observé Jessica Watts, la cousine d'une autre victime. "Perdre ou gagner, la vie ou la mort aujourd'hui, la douleur et la peine resteront de toute façon", a-t-elle ajouté.
Le procès avait de quoi focaliser l'attention aux Etats-Unis puisque, trois ans après le massacre, Holmes était enfin reconnu coupable de meurtre avec préméditation et avec "extrême indifférence" pour chacune des douze victimes. Pendant de longs mois, les débats se sont portés sur l'état mental du tueur d'Aurora. Coup de folie, geste prémédité, acte inconscient... Les spécialistes n'arrivaient pas à trancher, et le comportement d'Holmes n'aidait guère l'enquête.
Ce 7 août, il aura fallu une heure au juge Samour pour lire les 166 chefs d'accusation pesant sur le prévenu, également accusé de tentative de meurtre pour les 70 personnes qui ont été blessées, ainsi que de détention d'armes et d'explosifs. Les procureurs avaient argumenté en faveur d'une condamnation à mort, déclarant que James Holmes avait minutieusement planifié le massacre et disposait d'assez de munitions pour tuer tous les spectateurs de cette salle de cinéma, où 400 personnes étaient présentes ce soir-là. James Holmes était entré dans le cinéma d'Aurora "avec une chose en tête : le crime de masse", avait asséné le procureur George Brauchler. Ce dernier s'est dit "déçu", vendredi.
L'avocat de James Holmes, Dan King, avait lui cherché à éviter la peine de mort, assurant que son client était atteint de maladie mentale et que sa famille avait un passif lié à la schizophrénie. "Quand M. Holmes est entré dans ce cinéma (...) il avait perdu tout contact avec la réalité", avait-il avancé. Un argument qui a visiblement pu peser sur au moins l'un des jurés, évitant l'unanimité autour du cas James Holmes.