"Est-ce que vous êtes guérie ?" Dans Thé ou Café, son rendez-vous matinal sur France 2, Catherine Ceylac a le don de savoir aborder avec bienveillance les sujets les plus sensibles pour ses invités, et Jane Birkin, sa partenaire de petit-déjeuner ce samedi 1er avril, en a apporté une nouvelle preuve : cette question délicate, elle y a répondu avec toute la sincérité à fleur de peau qu'on lui connaît.
Reçue par la journaliste dans le cadre de la sortie du merveilleux album Birkin Gainsbourg : le symphonique, relecture à la fois majestueuse et sublimement romantique de quelques-unes des chansons du poète parisien disparu en 1991, et de la tournée à laquelle il donne lieu, celle qui fut la compagne du grand Serge a accepté d'évoquer ce combat contre la maladie dont elle a peu parlé : "Autant que je peux l'être, je le suis [guérie]", a-t-elle indiqué, avant de rapidement clamer son admiration sans bornes pour tout le corps médical. "Ils ont fait un fabuleux travail", a ainsi poursuivi l'artiste de 70 ans, particulièrement émue à l'évocation de ces infirmières qui parfois prennent le temps de "rester un peu plus longtemps avec vous et vous touchent la main quand vous avez peur". "J'adore ces métiers-là", ponctue-t-elle avec flamme.
L'odeur des hôpitaux ne m'a jamais effrayée, je me sentais comme chez moi
Quelques instants plus tôt, on la découvrait dans une séquence tournée au Jardin des Plantes, tout près de chez elle dans le 5e arrondissement de Paris, en compagnie du vétérinaire en chef des lieux, Norin Chai, dont elle est proche et qui loue son grand coeur - "Jane, c'est un coeur ambulant", lâche-t-il d'ailleurs avec un enthousiasme éloquent. Privilégiée, la chanteuse, fervente avocate de la cause animale, a pu approcher avec lui un adorable panda roux atteint de la maladie d'Alzheimer et un tapir également soigné par le professionnel, qui entretient un incroyable rapport de tendresse avec ces deux "patients", et distribuer elle-même quelques caresses. "C'est ce qu'on aimerait tous : avoir quelqu'un qui vienne nous caresser de temps en temps, qui comprenne notre maladie et soit patient avec nous", remarquait-elle, positivement bouleversée, au terme de ces moments magiques (plus tard dans l'émission, elle repensera à ce tapir en se décrivant comme un animal social qui vit pour l'amour d'autrui). Une observation à la résonance très personnelle...
Face à la liberté de parole de son interlocutrice, Catherine Ceylac n'hésite pas à sonder son degré de peur et de confiance face à cet épisode médical. Jane Birkin dit alors avoir "toujours" eu confiance dans les traitements et explique : "Parce que j'étais dans une fabuleuse ignorance. Je ne savais pas. Je pense que j'ai plus fait peur autour de moi que ce que j'ai eu personnellement. J'ai une confiance complète (...) Mais je suis habituée parce que papa [David Birkin, mort à 77 ans le 7 mars 1991, jour des obsèques de Serge Gainsbourg, NDLR] était malade, donc j'ai toujours vu papa dans les hôpitaux. L'odeur des hôpitaux ne m'a jamais effrayée, bien au contraire. Je me sentais comme chez moi."
On n'a pas le choix
S'il y a d'un côté un aveu d'ignorance, il y a de l'autre, en revanche, le savoir qu'une famille est là, qui compte sur elle et pour elle. De quoi avoir l'envie de se battre coûte que coûte : "On n'a pas le choix. On a des enfants, des petits-enfants, il n'est pas question de ne pas faire notre maximum. Il y a des gens qui ont connu des choses tellement terribles dans la vie, qui ont perdu leur famille entière, alors qui sommes-nous pour renoncer ?", s'enflamme-t-elle, faisant allusion à ses filles Charlotte Gainsbourg, mère de trois enfants (Ben, Alice et Jo) avec Yvan Attal, et Lou Doillon.
Au mois de mars, Jane Birkin s'ouvrait déjà sur sa leucémie dans les pages de l'hebdomadaire Paris Match : "Les docteurs m'ont sortie de la maladie. Ce fut aussi une forme de réveil. J'ai compris, que je le veuille ou non, que je n'avais plus dix ans devant moi. Bon, si je fais comme maman [la comédienne Judy Campbell, décédée à 88 ans en 2004, NDLR], peut-être un peu plus. Mais il n'y a pas un moment à perdre. (...) J'ai vécu dix-huit mois à l'hôpital de manière neutre, entourée de professeurs géniaux", disait-elle, réfutant fermement l'idée de payer le prix d'excès passer. Elle révélait par la même occasion qu'on ne "veut plus [l']assurer" suite à cette épreuve, mais aussi qu'elle a "la chance de pouvoir continuer à travailler" grâce à un producteur qui n'en a cure.
La superbe tournée avec l'album Birkin Gainsbourg : le symphonique, orchestré par le Japonais Nobuyuki Nakajima, se poursuivra bientôt avec deux dates à l'auditorium de Radio France les 11 et 12 avril avant de faire des escales à Varsovie, Monaco, Lisbonne, Tokyo ou encore Londres, entre autres, dans les mois à venir.
Birkin Gainsbourg : Le Symphonique, album déja disponible. Toutes les dates de la tournée à retrouver sur le site officiel de Jane Birkin.
GJ