Le 23 février au soir, Jason Collins est devenu le premier joueur de la prestigieuse NBA à évoluer sur les parquets en étant ouvertement gay. Près de dix mois après son coming-out, le vétéran retrouve un club et la joie de jouer au basket.
Une première historique
Hier, les Lakers de Los Angeles recevaient les Nets de Brooklyn. Si le classement des Angelinos fait beaucoup parler - ils occupent la dernière place de la conférence ouest -, c'est le nom de Jason Collins qui était sur toutes les lèvres. Le pivot de 35 ans est devenu le premier joueur ouvertement gay à évoluer dans une des grandes ligues du sport US. Il a ainsi signé un contrat de 10 jours avec l'équipe de Brooklyn. Une décision purement basket, comme l'a expliqué Billy King, le general manager des Nets. "Nous avions besoin de renforcer notre secteur intérieur, et avec son expérience et sa taille, nous pensions qu'il était le bon choix pour un contrat de 10 jours", a-t-il expliqué, alors que le pivot titulaire Brook Lopez est absent pour une longue période suite à une blessure au pied.
Alors que beaucoup se demandaient si Jason Collins demeurait sans club à cause des révélations qu'il avait faites sur son homosexualité, le patron de la NBA, Adam Silver, prétendait que son âge et son niveau étaient les raisons principales de son chômage technique. Mais les Nets lui ont donné tort. Jason Collins retrouve donc un club avec qui il est allé jusqu'aux finales NBA au début des années 2000, lorsque la franchise s'appelait encore les Nets du New Jersey. Il retrouve également deux autres vétérans, deux véritables stars de la ligue avec qui il a évolué au sein des Celtics de Boston : Kevin Garnett et Paul Pierce, qui pourraient avoir pesé lourd dans le choix de prendre le big man.
"Jason nous avait confié que son objectif était de retrouver un contrat dans une équipe NBA. Aujourd'hui, je veux le saluer pour y être parvenu. Je sais que toute la famille NBA est fière que notre Ligue fasse preuve d'autant d'esprit d'ouverture et de marque de respect", a pour sa part affirmé Adam Silver après la signature du contrat.
Face aux Lakers, Jason Collins a joué une dizaine de minutes pour des stats faméliques. Deux rebonds, une interception, aucun point, et 5 fautes accompagnées de deux ballons perdus. "Je suis concentré sur le plan de jeu, je dois apprendre les systèmes. Je ne peux réfléchir au côté historique maintenant. Je me concentre sur mon job", déclarait sobrement le principal intéressé à l'issue de la rencontre, simplement heureux "de retrouver un parquet, de poser des écrans, de faire des fautes."
L'hommage des stars de la NBA
"C'est un joueur de basket. Il fait ce métier depuis longtemps donc rien n'a changé. Peut-être que le regard extérieur est différent mais pour nous, au sein du vestiaire, ce n'était pas une distraction. C'était juste un match de plus. Il a fait un gros travail en défense. Nous sommes contents qu'il soit avec nous", a pour sa part noté le meneur all-star des Nets Deron Williams comme le rapporte le site Basket Session.
Quant à Kobe Bryant, la super star des Lakers, il lui a vendu un vibrant hommage : "Son impact est beaucoup plus grand que ce que les gens pensent. Il y a un effet domino qui va bien au-delà du sport. C'est fantastique. C'est une première historique. Je pense qu'une personne qui fait son coming-out montre une forme de courage qui donne aux autres la même forme de courage. C'est le plus important. Il y a plein de gamins qui ont peur d'être eux-mêmes. Ils ont peur d'être eux-mêmes à cause de la pression qui va avec. Il y a des jeunes qui font des dépressions ou qui se font emmerder car ils sont différents. Ils pourront désormais se dire : 'Jason m'a donné de la force dans les moments difficiles. Il m'a donné la force de m'accepter comme je suis, peu importe ce qu'en pensent les gens. Il m' donné de la force et du courage' ".
Une petite contribution mais un grand pas pour le sport US, alors qu'une jeune star du football US, Michael Sam, considérée comme une pépite de la discipline, a fait son coming-out avant même la draft (la grande loterie qui permet aux équipes de choisir ses jeunes joueurs) NFL. Et pourrait donc à son tour marquer l'histoire de son sport...