Jean-Claude Lattès est mort samedi 27 janvier 2018 à Paris. Il avait 76 ans. C'est Bernard Pivot qui l'a annoncé sur son compte Twitter dimanche : "Mon vieux copain l'ex-éditeur Jean-Claude Lattès est parti. Chagrin dans le dur, a écrit le président de l'académie Goncourt. Il avait deux passions : la musique classique et l'antiquité gréco-romaine. Son livre Le Dernier Roi des Juifs est dédié à Barenboim [le pianiste et chef d'orchestre argentin et israélien Daniel Barenboim, NDLR]. La mort d'un ami très cher et très proche, c'est un agenda semblable au coeur : déchiré."
Dans la foulée, le décès est confirmé par la maison d'édition : "Les éditions Jean-Claude Lattès ont appris avec une grande tristesse la disparition de leur fondateur. Isabelle Laffont, Karina Hocine et Laurent Laffont, qui depuis plus de vingt ans animent cette belle maison, lui rendent un profond hommage."
Jean-Claude Lattès, qui fut l'éditeur du mythique Un sac de billes de Joseph Joffo en 1973, est né à Nice, le 3 septembre 1941. Selon l'un de ses frères, Gérard, bien qu'il ait fait sa vie à Paris, Jean-Claude "était un vrai Nissart", confie-t-il dans Nice-Matin ce lundi. Nos confrères racontent l'enfance du futur éditeur, grand-frère de jumeaux, dans le vieux Nice. Le père était élu municipal. La famille avait un magasin de tissus. Jean-Claude Lattès était élève du lycée Masséna où il a suivi les classes préparatoires HEC. Il a ensuite intégré une grande école de commerce parisienne. Dès 21 ans, il écrit pour Combat, L'Express, Les Nouvelles Littéraires ou L'Observateur avant de faire ses premiers pas dans l'édition chez Robert Laffont dont il disait, rappelle LeMonde.fr : "Mon patron et mon maître, il m'a tout appris."
En 1968, il s'émancipe pour créer sa propre maison d'ouvrages sur l'actualité avec Jacques Lanzmann. On lui doit la publication du premier ouvrage sur mai 1968, Ce n'est qu'un début, de Philippe Labro. D'abord nommée Les Éditions spéciales, la maison prend par la suite le nom de leur fondateur et s'ouvre à la littérature. Joseph Joffo n'est pas le seul talent repéré par l'éditeur qui met sur le devant de la scène Jean d'Ormesson ou le futur prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz. "Mon frère avait un réel talent pour dénicher des auteurs et les conseiller jusqu'à les révéler à eux-mêmes", estime son frère Gérard. Un avis partagé par Bernard Pivot.
En 1981, il revend sa maison d'édition à Hachette mais reste à la tête encore dix ans du pôle livres. Puis Jean-Claude Lattès s'est consacré à ses propres livres. Au début des années 1990, il s'installe dans un vignoble provençal. Il écrit deux romans avec son complice Éric Deschodt ainsi qu'un livre d'histoire, traduit en américain, sur une figure méconnue, Agrippa 1er, intitulé Le Dernier Roi des Juifs (2012). L'ouvrage avait été édité par son épouse, mère de ses deux enfants : Nicole Lattès, éditrice et fondatrice des éditions NiL.