"Il était le meilleur de l'esprit français, un mélange unique d'intelligence, d'élégance et de malice, un prince des lettres sachant ne jamais se prendre au sérieux. L'oeil, le sourire, les mots de Jean d'Ormesson nous manquent déjà." Ce sont par ces quelques mots postés ce matin sur Twitter qu'Emmanuel Macron a tenu à saluer Jean d'Ormesson, mort dans la nuit de lundi à mardi 5 décembre 2017 d'une crise cardiaque.
Le président a souhaité poursuivre cet hommage dans un communiqué : "Il aura proclamé sa paresse et sa nonchalance mais laisse derrière lui une des oeuvres les plus abondantes et les plus diverses de notre littérature contemporaine", a écrit Emmanuel Macron, saluant son "sens de l'absurde caché derrière un humour espiègle". Le président évoque l'amour des Français pour le défunt et la passion de d'Ormesson pour Dieu, indissociable de son oeuvre. L'hommage du président prend un tour plus politique quand il souligne le gaullisme de Jean d'Ormesson : "Il était d'un gaullisme européen et social, profondément français et profondément universel." Et de conclure sur la popularité sans pareille de l'Académicien : "Jean d'Ormesson, c'était aussi cet oeil vif, ce verbe allègre, cette légèreté libre et ce charme incomparable que les Français aimaient tant à la radio et à la télévision."
Dans la lignée du présent de la République, Françoise Nyssen, sa ministre de la Culture et éditrice (Actes Sud), salue ce "grand académicien, journaliste, amoureux de la littérature, Jean d'Ormesson aimait jouer avec les mots et partager sa vision du monde avec humour". Et d'ajouter : "Il va profondément nous manquer. Mes pensées vont à sa famille." L'écrivain laisse derrière lui sa fidèle épouse, Françoise Beghin, et leur fille unique, elle aussi éditrice, Héloïse d'Ormesson.
Jack Lang et Frédéric Mitterrand, deux anciens ministres de la Culture, ont aussi rendu hommage à l'écrivain. Sur RTL, le premier se dit "abasourdi" par la triste nouvelle de la mort de celui qui, selon lui, personnifiait "la juvénilité même". Le second a déclaré sur BFMTV que c'était "un pan de la littérature française qui dispara[issait]" – Ormesson étant l'un 18 auteurs à avoir été édité par La Pléiade de son vivant – et un homme qui "donnait envie de lire".
Moins attendu, mais finalement logique, Julien Doré s'est exprimé. Le chanteur porte le nom de l'écrivain tatoué sur son bras et faisait partie de The Jean d'Ormesson Disco Suicide avant d'exploser en solo. "Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes & des secondes qui contiennent tout un monde. #BonjourTristesseAdieuJean." Le chanteur a également lu Jean d'Ormesson sur France Inter...
Les écrivains Christophe Ono-dit-Biot, Tatiana De Rosnay et Jean Christophe Rufin ont partagé leur tristesse et leur respect. C'est également le cas du journaliste François Busnet, du président du Sénat Gérard Larcher de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, et même du Premier ministre belge Charles Michel. Naturellement, Le Figaro, dont Jean d'Ormesson a été l'une des figures, s'est joint à la peine de beaucoup. Son directeur général Marc Feuillée déclare à l'AFP : "C'est une nouvelle très triste et très importante. Il a été un grand directeur du Figaro et l'est resté d'ailleurs dans l'esprit de nombreux lecteurs. Il a symbolisé une plume et un talent de journaliste parfois féroce, mais avec beaucoup d'humour."
Enfin, le philosophe Bernard-Henri Lévy a partagé ce souvenir : "Je me souviens qu'à l'occasion de la remise à Jean d'Ormesson du Prix Scopus de l'Université hébraïque de Jérusalem [avril 2013, ndlr], je lui avais souhaité de vivre 120 ans. C'est ainsi que les maîtres du Talmud se félicitent, entre eux, d'une belle et riche vie qui ne mérite que de continuer d'être."