Après avoir joué dans un film muet, The Artist pour ne pas le nommer, Jean Dujardin s'est lancé dans un autre défi cinématographique : incarner un homme de petite taille. Il s'agit du héros de la comédie Un homme à la hauteur, dans laquelle il donne la réplique à Virginie Efira. À l'occasion de la sortie de ce long métrage, il a réalisé une interview pour l'édition collector et mini du Film français. L'occasion de revenir sur sa riche carrière, marquée par un Oscar.
Dans Un homme à la hauteur, Jean Dujardin incarne un homme souffrant de nanisme qui noue, par téléphone, une relation avec une femme dont il a retrouvé l'appareil égaré. Lorsqu'ils se rencontrent, en vrai, l'histoire prend un tour inattendu : "La petite taille, ça ne se joue pas, ça se subit. J'en ai beaucoup parlé avec ma doublure dans le film, qui mesure 1,40 m et qui a vécu à peu près la même chose que le personnage, c'est-à-dire un arrêt de croissance, avec globalement un bien-être, puis des doutes des fêlures et des angoisses, récurrentes. (...) Il n'était pas question de rire du personnage, mais plutôt des gens qui le jugent."
Faire du bien à tous ceux qui souffrent d'un complexe.
Très enthousiaste à propos du projet dès la lecture du scénario, il aura le plaisir de tourner avec le réalisateur Laurent Tirard et son scénariste Grégoire Vigneron début 2017 pour un nouveau projet. En effet, l'écriture d'Un homme à la hauteur, qui s'interroge sur ce qu'est la normalité, "évite l'écueil de faire rire et de fédérer le plus possible pour quelque chose de très sensible et très humain. Ce qui devrait faire du bien à tous ceux qui souffrent d'un complexe".
Je continue sans malice sans calcul.
Quelques mois plus tard, en octobre, Jean Dujardin sera de retour avec Brice, affublé de sa planche de surf, pour la suite, onze ans plus tard, du film culte. Une carrière bien remplie pour celui qui a été très présent fin 2015 avec la sortie de son film réalisé par Claude Lelouch, Un + Une, et la naissance de son troisième enfant – le premier avec sa compagne Nathalie Péchalat. "Je continue sans malice, sans calcul. J'ai des envies, rien ne les arrêtera." Dans Brice de Nice 3 (parce que le 2, il l'a cassé), "pas question de faire du jeunisme, j'ai pris Brice là où il en était mais il n'a pas bougé. Du coup, il est décalé par rapport à l'époque, il est devenu une cloche. Brice est un jouet que j'ai fabriqué, j'espère que les gens s'amuseront avec." Quid d'un troisième opus autour d'OSS 117, un autre de ses héros cultes ? "Il faut trouver la bonne idée. Ce n'est pas une franchise, s'il y en a un, ce sera le dernier. (...) Michel Hazanavicius et moi, on a envie de casser le jouer en détruisant le superhéros."
J'ai toujours été comédien.
Se glisser dans la peau de personnages divers et variés, Jean Dujardin le fait depuis tout petit, il était voué à devenir acteur : "J'ai toujours été comédien, depuis l'âge de 3 ou 4 ans. C'était comme un refuge pour exister. Comme j'étais le dernier de quatre garçons, je me suis mis à exister grâce à mes personnages. Mais il a fallu dix mois de service militaire pour que je me lance, à 24 ans." Pour les créer, il s'inspire du talent d'icônes comme Belmondo, Ventura mais pas seulement. "L'association Les Voix qui comprend les acteurs de doublage comme Patrick Poivey, Richard Darbois et Jacques Frantz, m'a demandé un entretien. Et j'ai accepté d'autant plus volontiers qu'ils m'ont énormément influencé. Ma voix dans OSS, c'est celle de celui qui double Sean Connery, mon rire moqueur, c'est celui de Paul Newman dans L'Arnaque."
Dans ce métier, on poursuit le Graal du lâcher-prise.
S'il a eu la reconnaissance internationale de son talent avec The Artist, Jean Dujardin sait ne pas se reposer sur ses lauriers. C'est donc avec un oeil critique qu'il regarde ses performances passées, exemple avec Contre-enquête (2007) : "Parce que je me dis que je ne le jouerai plus comme ça. À l'époque, je me débarrassais du texte, au lieu de l'écouter et de vouloir le faire entendre. J'étais trop bavard, trop timide. Dans ce métier, on poursuit le Graal du lâcher-prise qu'on ne trouvera jamais, sinon le temps de quatre secondes tous les cinq films."
Je ne me sentais pas prêt à changer de vie, à quitter mes enfants.
Va-t-il échapper aux questions sur l'Oscar ? Non, mais c'est avec simplicité qu'il explique pourquoi il n'a pas davantage exploité sa renommée internationale après l'Oscar et ses apparitions dans Monuments Men de George Clooney et Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese : "Il aurait fallu que je parte deux ans aux États-Unis, mais je ne me sentais pas prêt à changer de vie, à quitter mes enfants, à me déconnecter de ma famille. Et puis ça m'ennuyait d'apprendre l'anglais que je bredouille. C'est un vieux trauma de cancre." Il ajoute : "Pour reprendre des paroles d'Isabelle Nanty, qui est une fée pour moi, je suis très content de ce que j'ai car c'est déjà beaucoup. Ce qui ne veut pas dire que je n'aime pas me prendre pour un Américain quand je tourne trois jours avec Leonardo DiCaprio à Brooklyn. Ou un mois et demi avec George Clooney. C'est très marrant mais autant que de faire la pub Nespresso au lac de Côme."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans l'édition collector (et mini) du Film Français n°3689, distribuée cette semaine avec le magazine habituel.