D'ordinaire, les clashs et les embrouilles entre acteurs ou réalisateurs restent en coulisses. Mais Julien Leclercq et Jean-François Richet ont choisi de partager leur duel à distance virtuelle avec leurs abonnés et leurs fans.
Julien Leclercq, à qui l'on doit l'étouffant thriller L'Assaut, sortira le 4 mai son nouveau film d'action, Braqueurs. Une production survitaminée et sombre dans laquelle Sami Bouajila, à la tête de l'équipe de braqueurs la plus efficace de toute la région parisienne, se retrouve à devoir travailler avec des caïds de cité, dont le rappeur Kaaris. Pour Jean-François Richet, auteur du célèbre diptyque Mesrine, cela n'aurait pas posé de problème si le film d'action de son confrère n'avait pas été mis sur le même plan que son propre film. Sur l'affiche officielle, on peut en effet lire que "Braqueurs est le meilleur polar depuis Mesrine". Une citation que l'on doit à Première, selon Leclercq.
La comparaison a mis hors de lui Jean-François Richet qui, sur son compte Facebook, s'est fendu d'un message sans équivoque. "Alors lui, il n'a pas honte de surfer sur le travail des autres, annonce-t-il, ulcéré. Déjà, son film précédent, Gibraltar, il avait inscrit en gros dans sa B.A. par le 'scénariste de Mesrine'. Il continue. Évidemment, aucun coup de téléphone pour me prévenir ou me demander si cela me gêne. Le mec a pas compris qu'il ne suffit pas de mettre 'Mesrine' en gros sur l'affiche pour savoir tenir une caméra. Pourquoi il n'a pas marqué : par le réalisateur de Gibraltar ?"
Interpellé, le réalisateur de Braqueurs s'est justifié sur Instagram, dans un post qui a disparu depuis. "Bien évidemment, la phrase n'est pas de moi, mais du journaliste, assure-t-il. Et tu ne peux pas en vouloir à mon distributeur (qui est aussi celui de ton prochain remake de Taken avec Mel Gibson) de faire son job pour vendre le film." Une réponse claire, avec un petit tacle au passage sur le ce fameux "remake" qui n'est autre que Blood Father, dans lequel l'iconique acteur de Mad Max fait tout pour sauver sa fille. Et d'en rajouter une couche en pointant du doigt un "écart téléfilmique", "un grand moment d'égarement", référence au remake d'Un moment d'égarement que Richet avait réalisé avec François Cluzet et Vincent Cassel.
Il n'en fallait pas davantage pour piquer au vif le metteur en scène de 49 ans, qui a répondu illico, revenant d'abord sur l'utilisation de la référence à Mesrine. "Je suis sincèrement flatté que mon film soit une référence. Si j'avais un reproche, il ne serait pas de cet ordre mais plutôt que vous n'ayez pas la courtoisie de me demander mon avis. J'aurais évidement autorisé ceci avec le plus grand enthousiasme. J'en prends pour exemple que j'ai appelé Michael Mann pour la sortie U.S. de Mesrine. Je ne l'ai pas mis devant le fait accompli cela s'appelle le respect, surtout entre collègues", écrit-il, avant d'évoquer Un moment d'égarement. "Il est fort dommage, au vu de l'immense promotion de votre film, que vous n'ayez pas le temps de prendre une feuille et un stylo, d'en faire des schémas et de chercher en quoi les motivations des personnage induisent une mise en scène qui est la même que... Mesrine. Que vous n'aimiez pas mon film, soit, mais le réduire à un 'téléfilmique' alors que, justement, le cinéma doit apporter une autre proposition que celle qu'on pourrait voir à la télévision. Tout le contraire de ce que vous avez fait sur votre film L'Assaut où un des climax (l'entrée du GIGN dans l'avion) est tiré des images d'infos que nous avons vues des centaines de fois en boucle. Quelle proposition !", rétorque le réalisateur.
Et de conclure sur Blood Father : "Je vous invite à lire le livre de Peter Craig dont est issu celui-ci. Je n'ose croire que vous pourriez vous contenter d'ânonner ce que pourrait écrire n'importe qui sur le net n'ayant ni lu le livre, ni vu le film et se référant à... un pitch." Il invite ensuite Julien Leclercq à se "référer à [son] propre travail" la prochaine fois. "Peut-être vous appellerai-je pour vous solliciter l'autorisation de mettre sur l'affiche de mon prochain film 'Blood Father le meilleur polar depuis Braqueurs'. Quoi qu'il en soit j'accepterais avec plaisir de vous donner l'autorisation de vous référer de nouveau à Mesrine. Ne dit-on pas jamais deux sans trois ?", termine-t-il avec une pointe de sarcasme.