Très habituée des locaux de la radio France Inter, la psychologue pour enfants et adolescents Caroline Goldman était l'invitée de la matinale pour une interview menée par la journaliste Mathilde Serrell, en l'absence de Léa Salamé prise par la couverture des Jeux paralympiques ce mardi 3 septembre. La fille de Jean-Jacques Goldman vient faire la promotion de son nouvel ouvrage, Le Guide des parents d'aujourd'hui aux éditions Flammarion, qui rassemble notamment ses chroniques réalisées par le passé sur cette même radio.
De plus en plus médiatisée depuis qu'elle a jeté un pavé dans la mare contre les dérives de l'éducation positive, Caroline Goldman assume les critiques qu'elle reçoit et cela ne l'empêche pas d'aborder des sujets délicats qui ne font pas consensus. Ainsi, ce mardi sur France Inter, elle s'attaque précisément au haut potentiel intellectuel (HPI), acronyme qui fait des cartons d'audience sur TF1 avec la série du même nom et son héroïne incarnée par Audrey Fleurot. Un terme de plus en plus courant qui ne fait pas le bonheur de Caroline Goldman.
"On lance des étiquettes qui sont censées expliquer les singularités de l'enfant, ces étiquettes sont très grossières, en l'occurrence le haut quotient intellectuel existe mais pas le HPI dans la classification des maladies. C'est une fantaisie marketing qui a décrété qu'une qualité pouvait justifier des souffrances. Au même titre qu'avoir de beaux cheveux, ou être performant sur le plan sportif, être intelligent n'a pas de conséquence malheureuse sur l'appareil psychique", déclare Caroline Goldman au micro de France Inter.
La journaliste Mathilde Serrell précise toutefois que le HPI peut être combiné avec d'autres troubles, comme la dyspraxie, ce à quoi la fille du chanteur et de la psychologue Catherine Morlet précise pour nuancer son propos, ne voulant pas tout mélanger : "Une dyspraxie c'est un problème par contre."
Louée par les parents de ses petits patients qu'elle suit, soutenue par une partie de ses collègues qui prônent comme elle les limites éducatives, et toujours volontaire pour écouter d'autres paroles comme celle de Thomas Villemonteix qui a fait relativiser le time out, méthode éducative qui consiste à mettre un enfant à l'écart lorsqu'il entre en colère, Caroline Goldman affirme être en croisade contre le "marketing de l'éducation positive". Selon elle, rares sont les spécialistes en psychologie comme elle qui critiquent son travail et elle fustige le fait d'avoir été présentée comme une anti-Françoise Dolto par le Nouvel Obs dans son numéro du 29 août.
Son discours sur les troubles comportementaux, comme le déficit d'attention (TDAH), est toutefois problématique pour d'autres experts comme Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l'éducation. Dans Libération, il assurait que les troubles neurodéveloppementaux n'ont rien à voir avec un modèle de parentalité. "A ma connaissance, elle ne cite aucune étude. Elle dit : 'Je le vois en consultation' et je peux lui répondre que moi, ce n'est pas ce que je vois. Ce n'est pas de la science."
En plus de ces critiques, est aussi pointée la proximité de Caroline Goldman avec la directrice de France Inter, Adèle van Reeth, qui lui offre une fenêtre de médiatisation régulièrement à l'antenne, les deux femmes étant de grandes adeptes de la psychanalyse.
Le débat reste donc ouvert mais s'il y a une chose qui peut faire l'unanimité, ce sont ces phrases que Caroline Goldman, mère de quatre enfants, a tenues pour dire ce qu'elle souhaitait pour ses petits patients, quel que soit leur profil : "J'aime voir des enfants heureux. Une enfance heureuse, c'est tout un destin de bonheur."