Suivant les pas de sa mère, Catherine Morlet, et non pas de son père, Jean-Jacques Goldman, la psychologue Caroline Goldman s'impose médiatiquement depuis plusieurs mois. Si on avait pu la croiser sur le plateau de La Maison des Maternelles, l'émission phare sur la parentalité, depuis sa venue dans l'émission Sous le soleil de Platon sur France Inter en août 2022, elle a vu sa visibilité exploser. A présent, cette même radio en a fait une chroniqueuse régulière où elle peut distiller ses conseils pour des parents et des enfants épanouis. Cependant, ses idées ne font pas l'unanimité et elle suscite la controverse. Libération l'a même portée en couverture, l'opposant à une autre figure de l'éducation des enfants, Isabelle Filliozat, cette dernière est décrite par ses détracteurs comme une "gourou" de la bienveillance parentale.
Caroline Goldman est partisane d'une approche psychanalytique de l'éducation des enfants et c'est une question en particulier qui exacerbe les critiques : le time-out, cette stratégie qui consiste à isoler temporairement un enfant pour le punir. Elle prône les limites, s'oppose aux violences physiques comme les fessées et les humiliations, mais s'en prend à l'éducation positive en utilisant ses connaissances en psychanalyse. Cette mère de quatre enfants qui a grandi dans la banlieue parisienne à Montrouge avec son célèbre père fustige le laxisme qu'elle associe à l'éducation bienveillante. Dans Libération, des experts analysent sa méthode. Le docteur en psychologie du développement Frédérick Russet note que le time-out est une technique parmi d'autres et qu'"on la retrouve dans des programmes... d'éducation positive". A cela, Caroline Goldman pourrait répondre qu'elle lutte d'abord contre les dérives de cette parentalité qui rapportent de plus en plus.
Son discours sur les troubles comportementaux, comme le déficit d'attention (TDAH), est problématique pour d'autres experts comme Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l'éducation, assure que les troubles neurodéveloppementaux n'ont rien à voir avec un modèle de parentalité. "A ma connaissance, elle ne cite aucune étude. Elle dit : 'Je le vois en consultation' et je peux lui répondre que moi, ce n'est pas ce que je vois. Ce n'est pas de la science." Le quotidien précise que, contactée, elle n'a pas souhaité répondre aux journalistes de Libération.
Moins connue du grand public, Isabelle Filliozat est une psychothérapeute qui assure que la punition pour les enfants est contre-productive. "Elle appelle donc à fournir aux enfants des ressources plutôt que des limites" et assure s'appuyer sur les neurosciences, "quitte à exagérer les études dont elle s'inspire" écrit Libération. Elle préfère ainsi le "stop" au "non" et ne veut pas utiliser le terme de caprice, voyant plus souvent des "tempêtes émotionnelles". Les mêmes chercheurs reconnaissent l'importance de voir les besoins de l'enfant, "notamment sur l'émotion et comment elle submerge l'enfant" explique Frédérick Russet, mais beaucoup soulignent la moralisation et la culpabilisation des parents à ne pas être disponibles à tout instant.
Doit-on choisir alors un camp entre les deux femmes, Caroline Goldman et Isabelle Filliozat ? "Ça n'aide personne parce que ça ne marche pas. Ça met en échec des parents, donc ça met en difficulté des enfants", explique Anne Bobin-Bègue, maîtresse de conférences en psychologie du développement. Cette spécialiste relève toutefois la volonté de la fille de Jean-Jacques Goldman d'être "attentive aux parents" et d'accepter leurs imperfections, tandis que sa rivale a mis la lumière sur les violences quotidiennes que des enfants peuvent recevoir. Et ça, c'est déjà beaucoup.