"L'affaire Morandini" n'a pas fini de faire du bruit. L'AFP nous apprenait récemment que l'enquête pour "harcèlement sexuel" visant l'animateur Jean-Marc Morandini (51 ans) à propos des castings controversés pour sa web-série Les Faucons a été classée sans suite par le parquet de Paris. L'enquête préliminaire lancée après les plaintes de cinq aspirants comédiens (dont deux avait témoigné dans Les Inrocks l'été dernier), également ouverte pour "travail dissimulé", aurait aussi été abandonnée en raison "d'infractions insuffisamment caractérisées" et la plainte de JMM visant l'un de ces plaignants pour "tentative de chantage" a elle aussi été classée.
Pour autant, M6 info dévoilait qu'une nouvelle plainte pour "harcèlement sexuel" et "travail dissimulé" a été déposée vendredi 20 janvier par trois comédiens représentés par Me Thierry Vallat, avec constitution de partie civile, auprès du doyen des juges d'instruction de Paris.
Et Jean-Marc Morandini, qui avait été placé sous contrôle judiciaire le 23 septembre dernier, est toujours mis en examen pour "corruption de mineurs aggravée". L'enquête menée par la brigade de protection des mineurs (menée en parallèle de celle visant les castings scabreux des Faucons ou du projet de remake de Ken Park) se poursuit donc toujours. le magazine VSD, dans son numéro en kiosques ce 26 janvier, a d'ailleurs pu consulter ce dossier explosif qui aborde notamment l'affaire de Steven (prénom modifié).
Pour rappel, la star des médias aurait profité du statut de "fan" (sur Twitter) du jeune homme, qui avait 15 ans au moment des faits, pour l'inviter à assister à son émission Vous êtes en direct (NR12) et au Grand direct des médias (Europe 1). Après cette seconde rencontre, Jean-Marc Morandini lui aurait demandé par messages privés sur Twitter s'il avait déjà eu des relations homosexuelles, s'il se masturbait ou encore lui aurait proposé un plan à trois avec une animatrice connue. Comme Steven l'a confié aux enquêteurs, il est entré dans son jeu dans un premier temps, "du fait de la fascination qu'il exerçait sur [lui]" et "du fait qu'il était extrêmement médiatisé et populaire". Il a donc accepté de se rendre une nouvelle fois sur le plateau de NRJ12, accompagné de son père.
Si, lors de sa garde à vue le 21 septembre 2016, Jean-Marc Morandini a assuré qu'il ignorait que le jeune homme avait 15 ans et qu'il s'était arrêté dès qu'il l'avait appris, pour les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs cela ne fait aucun doute : JMM savait que Steven était mineur. "Steven niait que Jean-Marc Morandini avait pu ignorer son âge alors qu'il était toujours accompagné de ses parents lors des rencontres, que son profil social sur Twitter indiquait son âge et il racontait que Jean-Marc Morandini s'était ému du fait que sa mère eût pu découvrir les messages", écrivent-ils dans leur rapport de synthèse.
M. Morandini a conscience du caractère déplacé des échanges qu'il entretient avec Steven
La police a également mis la main sur plusieurs messages très explicites échangés entre Steven et l'animateur. Le 10 mars 2013, ce dernier lui aurait écrit : "Tu as fait quoi pendant une heure, tu t'es bra*** ?" Le jeune homme lui aurait alors répondu que "sa mère lui faisait réciter [son] cours d'histoire" et qu'il lui fallait du courage. La réponse de Jean-Marc Morandini ? "Pour te donner du courage, pense à ma..."
Un peu plus tard, Steven aurait fait savoir à l'animateur que sa maman avait saisi son téléphone portable, de quoi inquiéter Jean-Marc Morandini, qui lui aurait demandé si elle était tombée sur leurs messages. En apprenant que ce n'était pas le cas, il aurait lâché un "ouf". Les enquêteurs ont donc conclu que "ces échanges démontrent clairement que M. Morandini a conscience du caractère déplacé des échanges qu'il entretient avec Steven et laissent supposer qu'il a conscience de sa minorité".
Rappelons également que lors de ses auditions, Jean-Marc Morandini s'était défendu d'avoir fait des propositions indécentes à Steven, "ou alors sous forme de plaisanterie". "Ces conversations sont du virtuel, c'est une conversation passée après trois heures passées dans le studio, je déconne, je parle un peu de cul, je parle de trucs un peu plus sérieux, [...]. Dans la réalité, je ne pourrais pas avoir ce genre de conversation avec quelqu'un", avait-il ajouté.
Selon Steven, c'est son père qui a alerté la police en mars 2013, après avoir découvert la teneur des propos échangés entre son fils et l'animateur. Mais, à l'époque, il aurait renoncé à porter plainte en raison de la fragilité de son fils, perturbé par ces événements.
Jean-Marc Morandini avait également été mis en cause en septembre par Julien (prénom modifié) dans l'affaire du projet de remake de Ken Park. Sept ans auparavant, le Rennais, qui avait 16 ans au moment des faits, aurait été contacté par la société de production du journaliste ayant officié sur Europe 1 via un site de casting pour un remake du film américain Ken Park où se mêlaient ennui, sexe et violence. On lui aurait fait passer un casting en tête-à-tête avec JMM dans son 230m² du 16e arrondissement de Paris. Et ce dernier lui aurait diffusé une scène où un adolescent se masturbe après avoir tué ses grand-parents, l'aurait pris en photo nu devant un mur, lui aurait demandé de se masturber et aurait tenu des propos humiliants sur la taille de son sexe. Un événement dont Jean-Marc Morandini assure ne pas se souvenir.
Les associations La Voix de l'enfant et Innocence en danger se sont constituées partie civile. Jean-Marc Morandini reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture finale du dossier pénal.