C'est un conflit sans précédent qui a secoué le monde de l'audiovisuel. Selon les informations rapportées par l'AFP, la salariés d'iTÉLÉ ont voté mercredi 16 novembre la fin de la grève après un mois de mobilisation.
Près d'un tiers de la rédaction s'apprête ainsi à quitter la chaîne, selon les grévistes. "La Société des journalistes (SDJ) a appelé ce matin à la reprise du travail dès que le protocole d'accord de sortie de crise à iTELE sera signé. Ce protocole n'est pas encore signé", a indiqué le président de la SDJ, Antoine Genton, à l'issue de l'assemblée générale. Au total, vingt-cinq journalistes ont annoncé leur départ mercredi, s'ajoutant à la dizaine qui était déjà en partance. Le journaliste politique Jean-Jérôme Bertolus part après le rédacteur en chef, Alexandre Ifi, le spécialiste de l'international Olivier Ravanello ou encore Amandine Bégot, qui présentait la tranche 17h-19h.
L'objectif est-il de bâtir un projet sur un champ de ruines ?
Dès le début de la grève, la direction du groupe avait proposé de faciliter le départ de ceux qui voudraient quitter la chaîne. "Je me réjouis évidemment de la sortie de la grève, ça aurait sans doute pu être plus court", a commenté le directeur général du groupe Canal+ Maxime Saada, devant des journalistes. "On essaiera de remplacer les départs mais ce n'est pas un engagement à remplacer chaque départ. Il y avait des inquiétudes sur le modèle éditorial de la chaîne sur lequel on a pris des engagements. C'était sans doute nécessaire de passer par là. Il y [avait] un manque de confiance entre les gens, un tel niveau d'incompréhension. Les responsabilités sont partagées." Le projet est désormais de "préparer le lancement de CNews", a-t-il ajouté, sans préciser de date.
"Nous sortons de ce conflit éreintés et meurtris mais la tête haute, avec au coeur le sentiment d'avoir tenté de défendre notre honneur", ont déclaré les grévistes dans un texte publié par le site Les Jours. "Le dialogue avec la direction a été lent, difficile, rythmé par de trop nombreuses plages de silence. Nous n'avons pas obtenu le retrait de Jean-Marc Morandini (...) Mais nous avons obtenu des garanties sur l'indépendance de la rédaction. Une charte éthique sera rédigée, dans le cadre de la loi Bloche, dans les quatre mois", précisent les salariés.
La grève avait démarré mi-octobre après l'arrivée controversée de Jean-Marc Morandini. Mis en examen pour corruption de mineur aggravée et placé sous contrôle judiciaire il y a quelques semaines, le journaliste de 51 ans a tenu tête grâce au soutien de la direction. Son émission, Morandini Live, avait été suspendue le temps de la grève. "Ce n'est pas une défaite parce que c'était face à une direction obtuse. On a obtenu ce qu'on a pu obtenir", a déclaré à l'AFP le journaliste Jean-Jérôme Bertolus. Pour Guillaume Auda, les nombreux départs s'apparentent à une "hécatombe". Le grand reporter de la chaîne s'est questionné, se demandant "si l'objectif de cette direction est de bâtir un projet sur un champ de ruines".