Dans la matinée du mardi 25 octobre 2016, les salariés d'iTÉLÉ ont prouvé que leur mouvement social ne faiblissait pas. Alors qu'ils ont voté une neuvième journée de grève, ils se sont rassemblés devant les locaux de la chaîne à Boulogne-Billancourt afin de faire entendre leur voix.
Il y a une semaine et un jour, l'arrivée de Jean-Marc Morandini sur iTÉLÉ a provoqué un véritable bras de fer entre la rédaction et sa direction. Malgré deux motions de défiance, une grève ininterrompue des salariés, et une tribune de la Société des journalistes (SDJ) dans Le Monde lui demandant de ne pas venir, le journaliste – mis en examen pour corruption de mineur aggravée et placé sous contrôle judiciaire il y a quelques semaines – a tenu tête. Un bras de fer qui s'est soldé hier par la suspension de son émission Morandini Live tant que durera la grève, mais pour manque de moyens techniques uniquement.
Si cela représente tout de même une première victoire pour les salariés d'iTÉLÉ, ces derniers savent que pour gagner la guerre, il ne faut pas faiblir. Voilà pourquoi ils se sont rassemblés une nouvelle fois ce 25 octobre. Une manifestation à laquelle Laurence Ferrari – qui est déjà intervenue dans le conflit – a participé. La journaliste de Tirs croisés s'est serré les coudes avec Stéphane Guillon (Salut les Terriens !, C8), son amie du Grand 8 Roselyne Bachelot mais aussi Olivier Galzi et Guillaume Auda (grand reporter).
Un rassemblement lors duquel Antoine Genton, président de la Société des journalistes d'iTÉLÉ, a tenu un vibrant discours. Après avoir rappelé que ce conflit est le plus long de l'histoire de la chaîne et le deuxième en quatre mois, le salarié a dévoilé que le dialogue allait reprendre avec la direction, une réunion étant organisée dans la journée avec des délégués du personnel de la rédaction et de la direction.
Un débat fondamental
Puis, Antoine Genton a ajouté : "Ce mouvement est mené d'abord par et pour les salariés, individuellement. Par et pour la rédaction, collectivement. (...) Il a aussi une dimension qui nous dépasse. De nombreuses personnes nous l'ont dit ces derniers jours. Il tend aussi à défendre le journalisme et ses valeurs. Il ouvre un débat sur ce qu'est et devient l'information aujourd'hui en France. Sur sa place dans la Cité, un débat politique, donc, fondamental pour notre démocratie."
Mercredi 26 octobre, les salariés d'iTÉLÉ voteront une reconduction de la grève ou non. Mais avec 83,5% de votes positifs ce matin, tout laisse à penser que ce sera une nouvelle fois le cas. La chaîne connaitrait donc son dixième jour de grève, éloignant encore un peu plus Jean-Marc Morandini de la grille des programmes.
Concernant la "présomption d'innocence" qui est applicable à chacun et martelée par Vincent Bolloré, il y a cependant un vrai problème à ce que Jean-Marc Morandini officie sur une chaîne d'info au regard des motifs de sa mise en examen : "corruption de mineur et corruption de mineur aggravée". Certes, le présentateur est présumé innocent jusqu'au jugement définitif de ce dossier, mais si, dans les journaux traités par la rédaction d'Itélé précédant la prise d'antenne de son émission Morandini Live ou plus tôt dans la journée, un sujet de faits divers reprenant les mêmes chefs d'accusation ou de mise en examen devait être traité... Quelle serait la marge de manoeuvre des journalistes de la chaîne ?