Le 13 mai prochain, Jeannette Bougrab publie Maudite (Ed. Albin Michel), un ouvrage dans lequel elle évoque son histoire d'amour avec Charb - Stéphane Charbonnier -, dessinateur et directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier dernier en même temps que onze autres membres de la rédaction. Le Figaro Magazine, qui s'est procuré le livre, en dévoile quelques extraits.
Les images de Jeannette Bougrab en larmes non loin des locaux de Charlie Hebdo ont marqué les esprits. Ce 7 janvier, l'ancienne secrétaire d'État à la Jeunesse et à la Vie associative a vu son monde s'écrouler. Un choc suivi d'un autre : la famille du défunt a démenti "formellement l'engagement relationnel" entre le dessinateur et elle. Dans son ouvrage, la compagne éplorée se souvient de sa rencontre extrêmement tendue avec le frère du défunt à l'Institut médico-légal. Elle écrit : "À la mine de son frère Laurent, (...) je comprends qu'il n'apprécie pas de me voir ici. J'ai déposé quelques vêtements pour qu'on puisse l'habiller avant l'inhumation. J'aurais aimé venir le voir tous les jours jusqu'à la mise en bière, mais la famille, en publiant un communiqué meurtrier, s'y est opposée de facto."
Une situation qui a particulièrement blessé la femme politique qui était prête à "dormir à même le sol" pour ne pas laisser le corps de Charb seul dans cette chambre froide. Quatre mois après la tragédie, elle n'a toujours pas digéré cette frontière mise entre elle et l'homme qu'elle aimait : "Ces derniers moments que j'aurais pu avoir avec lui, on me les a volés. Comment pourrais-je pardonner ?"
Des attaques "irréversible à vous dégoûter du genre humain"
À ce moment et même encore maintenant, l'incompréhension règne dans son esprit. Avec Laurent, elle dit pourtant avoir dîné "très agréablement" dans un restaurant italien quelques jours plus tôt. Puis, elle s'en prend à Patrick Pelloux, médecin et chroniqueur dans l'hebdomadaire, qui lui demande de se taire alors que lui-même "est partout dans les médias", et à Sylvie Coma, une collaboratrice, qui avait déclaré sur Facebook que ses interventions étaient un "viol posthume". Autant d'attaques que Jeannette Bougrab définit comme un mal "irréversible à vous dégoûter du genre humain". Dans son livre, la femme politique tente d'expliquer les raisons de cet acharnement. "Mon crime a été d'écorner son image. Eux l'ont décrit comme un queutard sans attaches, sans foi ni loi (n'oublions pas que les gens de Charlie sautent sur tout ce qui bouge, c'est bien connu !). Certains ont même dit qu'il était gay. Tout était bon, sauf moi ! Pas de pièce rapportée dans le clan", écrit-elle.
"'Notre amour ne regarde personne...', me répétait Stéphane. Se sachant menacé par ces dingues de la kalachnikov, il voulait nous protéger, ma fille et moi, et j'étais d'accord avec lui. Je constate aujourd'hui que c'était surtout de son entourage qu'il voulait me préserver. un entourage possessif, exclusif, intolérant, un clan d'aboyeurs qui ont voulu salir notre histoire", explique-t-elle ensuite.
Comme elle le révèle à Paris Match, pour se défendre, Jeannette Bougrab a fait consigner chez un huissier sa correspondance avec le caricaturiste, plusieurs SMS et des dessins qu'il a réalisés pour May. Car pour elle, prouver leur amour "sincère et profond" est plus important que tout.
Livrant ses confessions, Jeannette Bougrab reste pour le moment discrète. D'ici peu, elle quittera la France pour la Finlande où l'attend un poste d'attachée culturelle à l'ambassade