Que ce soit dans une course à vélo ou dans la vie, Jeannie Longo n'abdique jamais... Comme le révèle le Midi Libre, la championne française de 55 ans vient en effet d'attaquer l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) devant le Conseil d'État. La raison ? La décision de l'institution de la placer dans le groupe cible des athlètes les plus contrôlés après les soupçons qui les ont entourés, son mari et elle, ces dernières années. Elle réclame en outre toujours plus de 1 million d'euros de dommages et intérêts...
Déterminée à faire condamner l'AFLD, Jeannie Longo conteste trois points. D'abord, son inscription au fameux groupe cible par l'agence en 2012, puis sa réinscription l'année suivante et enfin un préjudice financier et moral subi du fait de la révélation par L'Équipe en 2011 de défauts de présentation aux contrôles antidopage, comme le quotidien le rappelle dans son édition du jour. Des faits qui, avec la mise en examen de son mari Patrice Ciprelli pour l'achat d'EPO, ont sérieusement écorné l'image de la championne, laquelle réclamait ainsi en décembre 2012 plus de 1 million d'euros à l'AFLD. Une somme qu'elle souhaite toujours obtenir.
Pour Jeannie Longo, son inscription à un tel groupe s'apparente à une atteinte à sa vie privée. Car les cyclistes sur la liste doivent communiquer à l'AFLD, avec quinze jours d'avance, les données permettant de les localiser chaque trimestre et peuvent être soumis à des contrôles hors des périodes de compétition et parfois à leur domicile. Toutefois, selon le rapporteur public, ces mesures sont "nécessaires et proportionnées", d'autant que la sportive "pratique une discipline touchée par le dopage et poursuit une carrière de haut niveau à un âge inhabituel". Raison pour laquelle il a demandé aux magistrats du Conseil d'État de rejeter les requêtes de la championne, tandis que le volet financier a été renvoyé devant le tribunal administratif de Grenoble.
Rien de très encourageant pour Jeannie Longo, quelques semaines après que la Cour de cassation a validé l'enquête dans laquelle son mari et entraîneur Patrice Ciprelli est mis en examen pour achats d'EPO en 2007. La chambre criminelle a rejeté le pourvoi de Patrice Ciprelli contre la décision de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Grenoble, qui avait rejeté le 24 octobre 2012 la quasi-totalité des demandes de nullité déposées par ses avocats. Ce dernier avait reconnu avoir acheté de l'EPO pour son usage personnel et avait été mis en examen le 10 février 2012 mais laissé libre sous contrôle judiciaire. Depuis, il n'a plus le droit d'entraîner sa femme, qui avait assuré ne pas être au courant de ses achats. Si l'achat d'EPO en 2007 était prescrit, les enquêteurs ont en effet par la suite découvert d'autres achats plus récents, entre mai et juin 2011.
Blanchie par sa fédération après ses manquements aux contrôles antidopage en 2011, Jeannie Longo avait confié dans la presse avoir vécu très douloureusement ces accusations ainsi que celle de son mari. Privée des JO de Londres en 2012, elle avait même confié avoir des "idées noires". Espérons pour la championne qu'elle quittera au plus vite la rubrique judiciaire...