Avec quarante ans de carrière, deux Oscars et quelques classiques à son compteur (Taxi Driver, Le silence des agneaux, Les accusés, Panic Room), Jodie Foster a évité le pire d'une existence livrée dès l'enfance aux caméras de cinéma. Alors que le syndrome de l'enfant-star fait encore des ravages, cette actrice baignée dès sa jeunesse dans la culture française aura évité tous les travers hollywoodiens. Pas de sexe, de drogues et de rock'n'roll mais de l'esprit, de la discrétion et un charme fou.
Quelques mois après l'étonnant Complexe du castor avec un Mel Gibson meurtri dans une marionnette, la réalisatrice redevient simple actrice pour Roman Polanski dans Carnage, qui cartonne déjà dans les salles françaises. Dans ce huis-clos "tellement français", la réunion civilisée de parents se transforme en guerre hystérique où les mots fusent et les esprits s'échauffent. Dans Marie France, Jodie Foster y va franchement : "Roman (Polanski) est un dieu de la pellicule, un maître absolu (...) Travailler avec Kate Winslet, Christoph Waltz et John C. Reilly fut aussi un vrai bonheur. Et puis, tourner en France, ça ne se refuse pas."
L'actrice qui rêvait enfant de "devenir présidente des États-Unis, faire du théâtre, séjourner à Rome et posséder un hamster" s'arrange pour ne jamais céder aux caprices hollywoodiens : "Je mène plus la vie d'une mère ordinaire, noyée dans les lessives, les courses et les allers-retours à l'école, que d'une star qui passerait ses nuits en boîte à dragouiller des jeunes de 20 ans ! (...) Je fuis le coté superficiel d'Hollywood."
Mère de deux enfants, Charles, 13 ans, et Christopher, 10 ans, Jodie Foster commence déjà à entendre parler de célébrité à la maison : "Un jour, il (Charles, l'aîné) m'a dit : 'Maman, je veux devenir célèbre, tu penses qu'il vaut mieux faire de la télé ou du cinéma ?' Quand je lui ai conseillé de suivre une formation théâtrale (...) il m'a répondu : 'Tant qu'à faire, j'aimerais être célèbre tout de suite et ne pas trop travailler..." Celle qui s'est révélée à 12 ans dans un rôle de prostituée avec Robert de Niro avoue d'ailleurs qu'elle ne se mettra pas en travers du chemin de son fils s'il veut percer dans le métier, "sans le pistonner pour autant".
Non sans avouer avec le sourire que passer derrière la caméra amène surtout "des emmerdes", Jodie Foster confie qu'elle rêve de diriger Meryl Streep : "Le rêve ultime ! Au-delà de son immense talent, j'admire la façon dont elle a préservé sa vie de famille." De là à imaginer l'actrice de La Dame de Fer dans le film familial de science-fiction dont elle parlait récemment, il n'y a qu'un petit pas et... un grand rêve de cinéma.