Vingt ans. Sept films. C'est le prolifique constat de la collaboration entre le cinéaste américain Tim Burton et la star hollywoodienne Johnny Depp. Sept films qui se voient parfois comme des films majeurs, parfois comme des chefs-d'oeuvre de bizarrerie, mais qui auront comblé des millions de cinéphiles à travers le monde.
Les deux hommes se rencontrent à la fin des années 80, alors que Johnny n'est que le beau gosse qui fait fantasmer les jeunes filles en fleurs avec sa série 21, Jumpstreet, dans laquelle il incarne un jeune flic infiltré dans des lycées pour contrer la délinquance juvénile.
Après un passage par la case John Waters (revoir le génial Cry Baby), Johnny devient un véritable acteur et se voit confier par Tim le rôle que tout le monde veut à l'époque (même feu Michael Jackson !), celui d'Ed dans le poétique, lunaire et exaltant Edward aux mains d'argent.
De cette première expérience commune découlera une mutuelle dépendance digne des plus grands couples auteur/acteur de l'Histoire du cinéma : Federico Fellini/Marcello Mastroianni, Robert de Niro/Martin Scorsese, Leonardo DiCaprio/Martin Scorsese, David Cronenberg/Viggo Mortensen, Pedro Almodovar/Penélope Cruz et tellement d'autres...
Après ce coup de maître, les deux artistes se retrouvent en 1995 pour le formidable Ed Wood, biopic déjanté du cinéaste le plus mauvais du monde auquel Johnny Depp apporte toute sa sensibilité et sa profondeur.
Cinq ans plus tard, les deux hommes devenus amis tournent à l'occasion d'une autre énorme réussite burtonienne - Sleepy Hollow. Un film sombre et fantastique, que Depp habite de tout son être aux côtés de Christina Ricci (plus sexy que jamais !) et du terrifiant Christopher Walken en cavalier sans tête.
Par la suite, tout s'accèlere pour les deux compères puisqu'ils vont collaborer à quatre reprises en l'espace de cinq ans.
Dans Charlie et la chocolaterie, Depp incarne le cultissime Willy Wonka et s'inspire en filigranes de la voix, de la pâleur et de son attachement pour l'enfance d'un certain Michael Jackson.
Dans Les noces funèbres, il prête sa voix et inspire le physique du héros pour un film d'animation très proche de l'univers de L'étrange Noël de Mr. Jack.
Dans Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street, il campe ce barbier tueur et vengeur pour l'une des plus belles réussites formelles de Tim.
Et tout ceci nous amène donc à ce nouveau Alice in Wonderland, relecture de l'oeuvre de Lewis Carroll dans laquelle Burton nous propose une suite au mythique Alice au pays des merveilles.
A l'image de Steven Spielberg qui avait tourné avec Hook l'histoire d'un Peter Pan adulte qui revenait à Neverland pour vaincre le Capitaine Crochet, Tim Burton retrouve une Alice âgée d'une vingtaine d'années qui retourne à Wonderland pour aider la Reine Blanche à vaincre sa terrible soeur, la Reine Rouge.
La différence entre les deux films, le deuxième est réussi. Dans l'ensemble.
Si l'on reste estomaqué par la qualité visuel du long métrage, de la poésie des images, de la maîtrise inouïe dont fait preuve Burton pour créer ce monde imaginaire fantastique - tous les personnages-animaux sont des merveilles d'invention et la direction artistique générale du film est tout simplement exceptionnelle -, on regrettera fortement les rôles tenus par des acteurs (Johnny Depp, omniprésent, cabotine comme jamais, alors qu'Anne Hathaway est une véritable tête-à-claques ambulante), la simplicité du scénario (public de moins de 10 ans oblige) et "l'inutilisation" de la 3D (si le film était en 2D, il apporterait la même chose, comme si Burton n'avait pas pensé sa mise en scène en fonction de son exploitation avec cette technologie, les effets sont minimes, on est très loin de l'immersion totale que nous procurait Avatar).
Au final, on est malgré tout éblouis par le film, mais l'on reste sensiblement sur sa faim.
Dans le diaporama ci-dessus, retrouvez tous les looks que Johnny Depp a créés pour ses collaborations avec Tim Burton, ainsi que la dernière bande-annonce d'Alice au pays des merveilles, qui aurait mérité d'être encore plus merveilleux...
Mathieu Lecerf (aka Adam Ikx)