C'est une cuvée toujours ardemment espérée : enfin, le Johnny nouveau est arrivé, et il est savoureux ! Pétri de douce nostalgie et plus vivant que jamais, Johnny Hallyday nous revient comme "vient la fin de l'été sur la plage", pour paraphraser Les Chats sauvages et leurs Derniers Baisers. Car c'est bien d'amour de vacances et de sentiments doux-amers qu'il est question avec Regarde-nous, une ode aux passions estivales éphémères que l'éternelle idole des jeunes a dévoilée ce 1er septembre 2014, avec la complicité de son partenaire RTL. Premier extrait d'un 49e album (Rester Vivant, à paraître le 17 novembre) d'ores et déjà annoncé comme "bouleversant" et annonciateur d'une 182e tournée riche de 120 dates (coup d'envoi en 2015, après la réunion des Vieilles Canailles cet automne)...
Souviens-toi...
"J'ai voulu refaire un retour aux années 70-80. C'est pour moi la musique qui nous manque actuellement en France : plus rock'n'roll mais avec des mélodies. C'est du rock'n'roll mélodique. Aujourd'hui, toutes les mélodies se ressemblent un peu. C'est ce qui me dérange avec la musique actuelle", explique le Taulier sur RTL à propos de cette nouvelle chanson (et par extension du disque qu'elle annonce, du même tonneau), dans un entretien avec son interlocuteur de confiance Anthony Martin. Et quelle meilleur manière de congédier les beaux jours et d'embrasser la rentrée que ce Regarde-nous qui colle à la peau, comme le sel des vagues d'août et le goût des mots doux évanouis...
"On a tous un amour de vacances quelque part. C'est une chanson de fin d'été", commente effectivement Johnny Hallyday, au sujet de ce morceau composé par l'Anglais David Ford (36 ans), qui avait offert en 2012 à notre rockeur la magistrale ballade 20 ans (Meilleure chanson originale aux Victoires de la musique), adaptée de sa propre chanson I'm Alright Now (2008) avec l'aide de Miossec. En dénominateur commun aux deux titres, on retrouve un refrain puissant, mélodique et effusif, contrastant avec des couplets pleins de nuances. Un ensemble où la voix de Johnny, impeccable à 71 ans dont près de 55 de carrière, fait des merveilles. "J'aime travailler avec lui car il a une couleur musicale des années 70 que j'aime bien", revendique l'intéressé en évoquant son jeune compère britannique.
David Ford n'est d'ailleurs pas le seul avec qui l'interprète de Toute la musique que j'aime aime travailler, dans la durée. Pour Rester Vivant, Johnny Hallyday a en effet reconduit sa collaboration magnifique avec Christophe Miossec, grand artisan de son précédent album studio, L'Attente (2012), et a convié à nouveau Maxim Nucci (Yodelice), qui avait contribué à Jamais seul (2011), orchestré par M, et signe ici "la moitié de l'album". Isabelle Bernal, qui signait deux textes pour le précédent opus, Jeanne Cherhal ou encore l'élégantissime Pierre-Dominique Burgaud sont également de l'aventure. Sans oublier, bien entendu, l'explosif Yarol Poupaud, désormais incontournable au côté du Taulier depuis la tournée de Jamais seul en 2012. Une dream team complétée à la production par une pointure internationale, Don Was, musicien américain à la tête du label de jazz phare Blue Note, qui a produit Bob Dylan, les derniers albums des Rolling Stones, a travaillé avec U2, et joué pour Paul McCartney. "On a travaillé en totale harmonie", se félicite Johnny, qui a enregistré au cours des derniers mois à Los Angeles, à son égard.
La vie, la vraie. Johnny.
On aurait pu le prédire rien que d'après son titre : Rester vivant, qui se compose de douze titres, fleure bon le sentiment, et Johnny Hallyday semble s'y livrer en toute intimité comme jamais. Pas étonnant que Laeticia Hallyday, première fan de son rockeur d'époux, ait en amont annoncé un "grand album". Oreille privilégiée de Johnny, Emmanuel Marolle, pour Le Parisien, a eu l'occasion de se faire son idée en avant-première, et qualifie même ce recueil de chansons de "bouleversant" : "Rester vivant mérite encore davantage de superlatifs [que L'Attente, son prédécesseur, NDLR], tant les chansons collent à la peau d'Hallyday. À moins que ce ne soit lui qui les incarne comme jamais...", écrit-il dans l'édition de lundi 1er septembre du quotidien francilien. Et pour cause : "C'est l'atmosphère actuelle des choses. J'ai pas mal travaillé sur les paroles avec les auteurs pour leur indiquer la direction dans laquelle je voulais aller", explique le principal intéressé quant à la tonalité autobiographique de ce qu'il s'apprête à dévoiler. D'où son entente avec "l'écorché vif" Miossec : "On a les mêmes goûts. On pense les mêmes choses, donc c'est assez facile de travailler avec lui, observe Johnny. Il est un peu écorché vif, ce garçon. Il a des choses à dire. C'est quelqu'un qui sait trouver les mots." Lui sait les chanter comme personne.
Le temps, l'argent qui filent entre les mains ancrent d'entrée de jeu, dans J'ai ce que j'ai donné (Nucci/Burgaud) la partition de Johnny dans une sincérité sensationnelle, celle d'un d'un artiste qui a tout connu, tout vécu. Te voir grandir, forcément émouvante, met en scène le père de famille et résonne puissamment avec le titre de l'album : "Te voir grandir, c'est dans ton sourire, retrouver le mien, retrouver l'entrain", pourra-t-on entendre dans cette chanson que ne manqueront pas de hanter gracieusement Jade et Joy, les filles du rockeur qui ont fêté leurs 10 et 6 ans cet été, et qui promet des frissons. Seul, "bijou sur l'absence" pour un Johnny mis à nu, Te manquer, boléro signé Jeanne Cherhal, À nos promesses, qui s'ouvre sur les mots "je suis jeune depuis longtemps", ou encore Si j'avais su, la chanson finale propre à mettre en relief toute une vie, forment la toile d'un retour plus authentique que jamais.
Authentique, y compris en musique : "Je suis revenu à la musique de l'époque de Oh ! Ma jolie Sarah (Flagrant Délit 1971). Je suis revenu aux cuivres et coeur, guitare", savoure Johnny Hallyday en commentant les accents country et les relents blues de Rester vivant, se réjouissant notamment du "très country rock" Le Quinté de l'avenir ourdi par Maxim Nucci. "Du très grand Johnny", pour le résumer à la manière d'Emmanuel Marolle.
Et c'est un très grand Johnny qui partira en 2015 à la rencontre de ses fans, après ses retrouvailles attendues avec Jacques Dutronc et Eddy Mitchell pour les quatre dates des Vieilles Canailles à Paris au mois de novembre (du 5 au 9, à Bercy). Pour l'heure encore paisiblement en famille à Saint-Barthélemy, comme en témoignent les dernières photos pleines de joie et de soleil qu'il a publiées sur les réseaux sociaux, le Taulier attaquera bientôt les répétitions pour ces shows événements. Avec d'ores et déjà l'envie de défendre ensuite sur scène, lui qui a achevé sa précédente tournée en juin 2013 sur un fantastique double concert pour ses 70 ans, ces nouvelles chansons qui lui vont si bien et de "donner de la musique, donner du rêve, du bonheur" aux gens. Leur donner de quoi rester vivants.