La justice suisse s'intéresse de près aux comptes de Juan Carlos Ier, mais pas seulement. La relation de l'ancien roi espagnol avec sa maîtresse Corinna zu Sayn-Wittgenstein, soupçonnée de l'avoir aidé à dissimuler une partie de sa fortune, est également scrutée à la loupe. Une liaison entretenue entre 2004 et 2012, mais qui était loin d'être la seule relation extraconjugale pour le mari de la reine Sofia. En tout, l'ex-souverain de 82 ans aurait eu 5000 maîtresses tout au long de sa vie.
Une première période à l'académie militaire avec 332 conquêtes, une seconde dite "passionnée" avec plus de 2000 femmes entre 1976 et 1994, puis une troisième période d'accalmie entre 2005 et 2014 avec "seulement" 191 maîtresses... Juan Carlos aurait même fait des avances à une certaine Lady Diana, lors de ses vacances avec le prince Charles à Majorque en 1986. C'est en tout cas ce qu'affirmait Amadeo Martinez Ingles, ancien colonel républicain espagnol, dans sa biographie Juan Carlos : Le Roi aux 5000 maîtresses, sortie en 2017. "L'histoire vraie d'un roi amoral, sans scrupules, sans vergogne, ambitieux, autoritaire, un authentique prédateur sexuel."
Expliquant s'appuyer sur des rapports d'espions chargés par Franco de surveiller de près Juan Carlos, avant même qu'il ne monte sur le trône en 1975, ce fervent opposant expliquait en détail la façon dont l'ex-souverain opérait en coulisses : bien souvent en utilisant l'hélicoptère royal mis à sa disposition, Juan Carlos retrouvait ses maîtresses dans des maisons de campagne, des appartements privés, des hôtels de luxe, voire chez elles. Il aurait eu deux types de conquêtes, les "actrices, stars et chanteuses" disponibles à toute heure, et de belles anonymes pour la plupart étrangères. "Les plus belles stars, les femmes espagnoles et étrangères les plus spectaculaires et de grande classe sont passées dans son lit pour des rendez-vous temporaires, il a également manqué de respect à des femmes de milieu bien plus modeste."
La plus connue des maîtresses royales est la Danoise Corinna zu Sayn-Wittgenstein, qui a fréquenté Juan Carlos jusqu'à ce qu'ils soient surpris en pleine partie de chasse à l'éléphant au Botswana, en 2012. La femme d'affaires de 56 ans est aujourd'hui intimement liée à l'enquête de la justice suisse sur les présumées malversations financières de son amant et les 100 millions de dollars que ce dernier a reçu de l'Arabie saoudite en 2011.
Corinna est soupçonnée d'avoir joué les prête-noms pour aider son amant à dissimuler une partie de cette somme, en touchant une donation de 65 millions d'euros. Des accusations qu'elle dément catégoriquement. Dans une interview accordée à la BBC le 20 août dernier, elle a expliqué qu'il s'agissait tout bonnement d'un "cadeau extraordinairement généreux"... De son côté, le 3 août, Juan Carlos est parti s'exiler dans un hôtel de luxe des Émirats arabes unis : "Guidé par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne", a-t-il écrit dans une lettre adressée à son fils, l'actuel roi Felipe VI.
Une missive officielle dans laquelle il n'a pas pris la peine de mentionner la reine Sofia, son épouse depuis 58 ans, qui a quant à elle préféré rester en Espagne avec ses enfants et petits-enfants.