Accusé de corruption, visé par une enquête, l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos a tout simplement décidé de fuir son pays. Dans une lettre adressée à son fils, l'actuel souverain Felipe VI, il explique avoir quitté l'Espagne avec "une grande sérénité". "Guidé par la conviction de rendre le meilleur service aux espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne", a annoncé l'ancien dirigeant de 82 ans, sans révéler sa nouvelle destination.
Juan Carlos explique à son fils que sa décision a été prise afin de "faciliter l'exercice de (ses) fonctions", suite "aux conséquences publiques de certains événements passés de (sa) vie privée". Une allusion à l'enquête ouverte à son sujet en juin par le parquet de la Cour suprême.
Depuis septembre 2018, le parquet espagnol anti-corruption a Juan Carlos dans le viseur, notamment depuis les enregistrements de son ancienne maîtresse, Corinna zu Sayn-Sayn-Wittgenstein. D'après elle, il aurait encaissé une commission de 6,7 milliards d'euros de la part de l'Arabie Saoudite lors de l'attribution de la construction d'un TGV entre la Mecque et Médine à un consortium d'entreprises espagnoles.
En mars dernier, il avait été rapporté que Juan Carlos aurait reçu 100 millions de dollars du roi Abdallah (Arabie Saoudite) en 2008, sur un compte suisse, que son fils Felipe VI est également soupçonné d'avoir reçu. Après ces révélations, Felipe VI a retiré à son père une dotation annuelle du Palais royal évaluée à plus de 194 000 euros par an. Puis, il a annoncé qu'il renonçait à l'héritage de son père "afin de préserver l'exemplarité de la Couronne".
Il faut aussi dire que Juan Carlos n'a pas toujours été blanc comme neige. En 2012, alors que les espagnols traversaient une grande crise économique, il s'était cassé la hanche lors d'un safari de luxe au Botswana payé par un homme d'affaires saoudien, voyage qu'il avait fait avec sa maîtresse, Corinna zu Sayn-Sayn-Wittgenstein. Il avait fini par abdiquer pour placer son fils au pouvoir.