Le discours de Judith Godrèche était très attendu le soir de la cérémonie des César, qui a eu lieu à L'Olympia de Paris le vendredi 23 février 2024. En prenant la parole sur scène, la comédienne a évoqué le lourd silence qui pèse dans le monde du cinéma à propos des agressions sexuelles qui gangrènent le milieu. Elle a déposé deux plaintes quelques jours avant, l'une contre Benoît Jacquot pour "viols avec violences sur mineure de moins de 15 ans" commis par personne ayant autorité et l'autre contre Jacques Doillon pour agression sexuelle sur le tournage du film La Fille de 15 ans alors qu'elle en avait 14.
Sa prise de parole avait été annoncée et elle était très attendue. Mais il semblerait qu'elle ait eu des conséquences, comme la comédienne l'a révélé le jeudi 29 février 2024 lors de son audition devant le Sénat. "Il y a des producteurs qui viennent me voir, le soir des César, au dîner, où je me suis retrouvée, par hasard, d'ailleurs, tout au fond du fond du fond du fond du Fouquet's, quand on croit vraiment qu'il n'y a même plus de salle ou d'espace. Encore plus loin que l'infini, 'punie' tout au fond, raconte Judith Godrèche. Mais des actrices, des productrices sont venues me chercher en se demandant où j'étais, où je pouvais bien être assise."
Si elle s'est rendue au Sénat, c'est pour réclamer une réforme du cinéma, afin de protéger les jeunes actrices des violences sexuelles. Judith Godrèche a élargi son combat à l'ensemble des enfants victimes d'inceste ou d'agressions et donne ainsi un relais politique à son combat, six jours après son discours à la cérémonie des César. Ses demandes : "Imposer un référent neutre sur les tournages avec un mineur", indépendant de la production et formé, ne "jamais laisser seul un enfant sur un tournage" et renforcer les contrôles, par exemple lors des castings. La maman de Tess Barthelemy et Noe Boon a décrit, lors de sa prise de parole, le monde du septième art comme une "famille où on ne peut pas dénoncer, où on ne sait pas à qui parler". Sans livrer de noms, elle a notamment relayé les 200 signalements de techniciennes qui auraient toutes "reçu un selfie avec une photo du sexe d'un réalisateur français", sans leur consentement.