Depuis 2011 et une retraite bien méritée, Justine Hénin tente de renouer avec la vraie vie. Un réapprentissage total qui coûte cher à la Belge après des années d'extrémisme sportif. Heureusement, elle peut compter sur sa fille, Lalie.
117 semaines numéro un mondial, 43 titres, dont 7 du Grand Chelem, et un jusqu'au-boutisme dont seuls les plus grands sportifs sont capables. Ça, c'était avant. Depuis sa retraite des courts de tennis, Justine Hénin a dû réapprendre à vivre. A 32 ans, sa vie n'est plus rythmée par le tennis, mais par son homme et sa petite fille, née le 20 mars 2013. Jusqu'au début de l'année 2014, Justine Hénin avait un besoin impérieux de se plonger corps et âme dans son boulot pour remplir le vide laissé par le tennis.
En 2007, elle avait lancé son club de tennis avec son ancien coach Carlos Rodriguez. Au fil des ans, le cauchemar n'a fait qu'empirer. "Réduire les coûts, suivre tous les détails, les leçons, le restaurant... J'ai dû reconstruire un tout nouveau projet. Je suis parvenue à empêcher le club de plonger dans le rouge. C'était plus que nécessaire car nous allions tout droit vers un fiasco. Et moi aussi...", concède-t-elle au magazine belge Play Tennis. En début d'année, son médecin lui conseille de s'arrêter et de prendre plus de repos. "Je suis trop exigeante avec moi-même, poursuit-elle. 14 jours après mon accouchement, je recommençais à travailler."
Désormais, l'ancienne championne est plus détendue, plus épanouie, et semble enfin apprécier ce que lui offre la vie. Un changement qu'elle partage avec sa famille, son compagnon Benoît, cameraman dans la vie, et sa fille Lalie, 14 mois, ses points d'ancrage dans ce qu'elle appelle "la vraie vie", comme elle le raconte à L'Équipe. Si elle a pris de la distance avec son club de Limette, à quelques kilomètres de Bruxelles, elle n'en a pas pour autant abandonné les rênes. Justine Hénin a un petit mot pour tout le monde, salariés comme joueurs. Seuls quelques trophées dans la vitrine du club rappelle son glorieux passé, "sa vie d'avant". Une autre vie.
"Pour être heureux, il faut de la stabilité. Dans une carrière, on a des pics de grande joie et de désillusion. Ça n'amène pas l'équilibre. (...) Ce sont des moments de joie extrême, mais ce n'est pas le bonheur, car on sait que c'est éphémère", analyse-t-elle. Heureuse, Justine Hénin l'est aujourd'hui, alors qu'elle est à la tête d'un club, d'une académie, d'un restaurant et d'une association d'aide aux enfants malades. Pour arriver à la plénitude, il lui a fallu apprendre à lâcher prise, à ne pas tout contrôler et à mettre de côté ce "comportement excessif" qui l'a accompagée tout au long de sa carrière. "Quand on arrête, on a peur. J'ai vécu une deuxième naissance. Repartir à zéro ce n'est pas possible, c'est une suite. Il faut prendre du temps", glisse-t-elle.
Prendre du temps pour accepter le fait qu'il y a une vie en dehors du tennis. Pas facile quand on a consacré 20 années à son sport, dit-elle dans L'Équipe : "C'est presque une question de vie ou de mort. La carrière, c'était douloureux. Ce sont des destins un peu à part." Que dirait la Justine Hénin d'aujourd'hui à celle qui écumait les courts de tennis, championne accomplie obsédée par la quête du résultat et incapable de lâcher prise ? Rien. Car "à cette époque, elle n'écoutait pas. Je dis 'elle', parce qu'on est presque deux personnes différentes. J'ai tellement changé".
Un changement qu'elle doit essentiellement à une personne, sa petite Lalie : "Ma petite fille me ramène à l'essentiel. (...) La liberté, ça fait peur car on ne sait pas toujours quoi en faire. J'ai eu un cadre de vie très strict. Aujourd'hui, mon cadre, c'est ma fille. Pour le reste, il y a un million de possibilités."
Justine Hénin, un portrait à retrouver dans son intégralité dans les colonnes de L'Equipe