Il y a 18 ans, la journaliste sportive Kat O'Brien a été violée par un joueur de baseball qu'elle interviewait. Dans une tribune écrite dans les colonnes du New York Times, le 20 juin 2021, l'Américaine se souvient de son agression. Elle n'avait que 22 ans lorsqu'elle interviewait un professionnel du baseball, qu'elle ne nomme pas, pour un article sur les joueurs étrangers s'adaptant à la culture américaine.
"Il s'est jeté soudainement sur moi pour m'embrasser. J'ai dit non, que je ne voulais pas ça. Mais il m'a poussée sur le lit. J'ai essayé de le repousser. J'ai dit non, stop, non, encore et encore. Il m'a poussée encore, en me grimpant dessus, en enlevant ma jupe et en me pénétrant contre ma volonté", se souvient Kat O'Brien. Un véritable traumatisme pour cette jeune journaliste, qui travaillait à l'époque pour la publication texane Fort Worth Star-Telegram.
"Ensuite, je me rappelle être entrée dans ma voiture, tremblotante, pour rentrer chez moi, en regardant ma jupe bleue et blanche, me demandant pourquoi j'avais décidé de porter une jupe. Parce que c'était l'été au Texas", déplore Kat O'Brien, désormais âgée de 40 ans.
"Je me rappelle être rentrée dans mon appartement, d'avoir bu une bouteille de vin rouge dans une tentative désespérée d'oublier ma tristesse et ma rage. A la place, j'ai vomi sur le tapis", ajoute-t-elle. Kat O'Brien n'avait rien dit à l'époque car elle était certaine que si quelqu'un savait pour le viol, cela "ruinerait" sa carrière. "J'avais 22 ans et pas de casier judiciaire à l'époque et la plupart des gens du baseball se seraient rangés du côté de l'athlète. Donc je me suis blâmée. J'avais dû être trop gentille, trop naïve, trop amicale, trop ouverte. Même si j'avais dit non, ça devait être un malentendu", s'était-elle dit peu après l'agression.
Quelques semaines après le viol, Kat O'Brien a croisé le regard d'un coéquipier de son violeur, qui l'a "dévisagée", en disant son nom et celui de son coéquipier, "l'homme qui m'a violée". "J'ai réalisé qu'il avait dû en parler à des gens, en se décrivant comme un étalon et moi comme une fille juste là pour draguer des joueurs au lieu de faire mon travail", déplore-t-elle. Encore un témoignage de professionnelle du milieu du sport agressée sexuellement, dans une conjoncture malheureusement toujours atteinte par le sexisme et la culture du viol.