Carole et Michael Middleton, parents de Kate, Pippa et James, ne sont pas les seuls à vouloir faire des affaires grâce à la naissance du royal baby. Entrepreneurs richissimes, à la tête de la florissante société de vente d'articles de fête sur Internet Party Pieces, les Middleton n'ont pas attendu longtemps pour se positionner, il y a plusieurs mois, sur le créneau avec une gamme de produits bébé "princiers", décidés à avoir le beurre (un premier petit-enfant) et l'argent du beurre, confirmant un opportunisme qu'on leur a déjà reproché. Un opportunisme dont ils n'ont pas le monopole.
Au fil de la grossesse de la duchesse de Cambridge, le business parallèle s'est organisé, jusqu'à produire une foule de memorabilia, ces objets commémoratifs (mais surtout... lucratifs) qui inondent les étals lors des grands événements, comme ce fut le cas lors du mariage royal du prince William et de Kate Middleton. A ceci près que lors du "mariage du siècle", la production de produits dérivés était strictement encadrée, soumise à homologation royale (par le Lord Chamberlain). Dans le cas de la naissance du royal baby, le duc et la duchesse de Cambridge ont accordé leur agrément royal... universel. Peu importe la qualité du produit, tout est permis. Histoire de donner un coup de boost à l'économie britannique ? Une aubaine pour tous ceux qui espéraient bien faire marcher la fontaine à produits dérivés : mugs, assiettes, porte-clés, cadres photo, etc.
La venue au monde du petit prince ou de la petite princesse de Cambridge pourrait générer une manne estimée à 300 millions d'euros dans le monde, entre recettes touristiques, vente de souvenirs et autres festivités. Le segment des memorabilia pourrait atteindre à lui seul 100 millions d'euros (le mariage royal avait culminé à près de 230 millions d'euros). Outre la vaisselle commémorative, un basique, la naissance est déclinée en poupées, jouets, layette, coques pour téléphones portables, plaque commémorative (avec l'inscription "juillet 2013"), et même - au point où on en est - pots pour enfants et sacs pour futures mamans prises de nausées. Yark.
Le géant Apple lui-même n'a pas manqué de sortir, dès le 12 juillet, une application mobile proposant de suivre toutes les infos et rumeurs concernant l'accouchement de Kate Middleton, et promettant les premières photos de l'enfant ainsi que d'autres détails. FisherPrice a sorti une collection de pots de chambre princiers jouant des airs royaux. L'enseigne de cosmétiques Superdrug (900 magasins en Grande-Bretagne) toute une gamme de produits bébé, baptisée My Little Star. Le spécialiste des articles de puériculture a confectionné une collection de baby-grows et autres grenouillères commémoratifs. Le pro des loisirs créatifs Hobbycraft exhorte les jeunes artistes en herbe à envoyer des cartes de félicitations de leur cru. Le géant de la grande distribution Tesco a offert des T-shirts avec l'imprimé "Born to be Royal". Krispy Kreme s'est mis à vendre des beignets avec un coeur bleu ou rose. Même Buckingham Palace surfe sur l'euphorie, proposant un baby-grow façon garde royal, tandis que le Musée de Londres a malicieusement ouvert fin juin une exposition consacrée aux vêtements et souvenirs d'enfants royaux. Dans un registre plus léger, on peut trouver des articles humoristiques, tel un body flanqué des mots "Keep Calm My Granny is the Queen" ("On se calme, ma mamie, c'est la reine").
De toute évidence, le mystère entourant le sexe et le prénom du royal baby n'endigue pas la créativité des vendeurs, même si, pour certains, cela complique évidemment la tâche en termes de production et de design, comme ce fut le cas pour les ateliers potiers d'Emma Bridgewater à Stoke on Trent, où on a mis la main à la pâte dès le lendemain de la révélation de la grossesse royal pour réaliser des mugs commémoratifs.
"La naissance du bébé du duc et de la duchesse de Cambridge est un événement joyeux, et nous considérons qu'il y a une longue tradition [elle remonterait à la reine Anne et au prince george, au XVIIIe siècle, NDLR] de productions de souvenirs pour marquer les événements royaux", a revendiqué un porte-parole comme pour mieux inciter l'industrie à bien se porter. Ainsi, si les bébés nés le même jour que l'altesse royale de Cambridge se verront offrir une pièce d'argent commémorative en édition limitée, le grand public pourra à l'envi satisfaire ses désirs de célébration. Mais certains experts doutent que le chiffre d'affaires global atteigne les estimations avancées, considérant que, au sortir du mariage royal et des JO de Londres, les clients sont un peu lassés des produits dérivés.
Enfin, il y a aussi les marques qui espéreront tirer leur épingle du jeu en recueillant les faveurs des jeunes parents, qui ont été bombardés de cadeaux. A l'instar de la marque néerlandaise Bugaboo, celle qui aura la chance de voir William et Kate utiliser une de ses poussettes en ressentira les effets sur ses ventes, de la même manière que les tenues vestimentaires portées par Kate s'arrachent en boutique dans les heures qui suivent ses apparitions. Peut-être bébé, habillé d'un body tricoté par l'ex-Premier ministre d'Australie Julia Gillard, ignorera-t-il bientôt toute cette folie sur son dos, en écoutant Sleep On, berceuse composée par le Gallois Paul Mealor (qui avait composé Ubi Caritas et Amor pour le mariage du prince William et de Kate Middleton) et interprétée par la soprano néo-zélandaise Hayley Westenra ?