Le retour passager de la princesse Madeleine en Suède à l'occasion de la naissance le 23 février 2012 de sa petite nièce la princesse Estelle, premier enfant de la princesse Victoria et du prince Daniel dont les portraits officiels ont été publiés fin mars, n'a pas eu que du bon. Car si la fille cadette du roi Carl XVI Gustaf et de la reine Silvia a fait du mieux qu'elle a pu pour contenter tout le monde, profitant de son séjour at home pour visiter quelques-uns de ses patronages tout en honorant les rendez-vous officiels (et notamment le second dîner officiel au palais royal le 15 mars ou la visite du prince Charles et de Camilla Parker Bowles le 23), elle s'est en même temps placée dans le collimateur de détracteurs qui se demandent... ce qu'elle fabrique. Une question légitime, puisque la princesse de 29 ans, en tant que membre de la famille royale, perçoit une rémunération émanant de la liste civile votée par le gouvernement pour ses activités de représentation. Or, on le sait, les dépenses superflues sont bien peu à la mode en ces temps difficiles...
Il faut dire que la princesse Madeleine, suite à son retour au pays en provenance de New York début mars, n'a pas brillé par l'intensité de ses activités publiques. Et elle ne s'est pas non plus attardée avant de regagner Big Apple, où elle travaille pour la World Childhood Foundation (ONG au profit de l'enfance défavorisée) créée et présidée par sa mère la reine Silvia, et où elle vit avec son boyfriend, le financier gentleman Chris O'Neill. Non sans promettre de revenir pour le baptême de la princesse Estelle, le 22 mai prochain, trois semaines avant ses 30 ans.
Mais que fait-elle donc ?
Face à la grogne et au scepticisme galopants, une réaction s'imposait pour justifier le ratio entre le train de vie supposé de la princesse et l'énergie qu'elle consacre effectivement à ses activités royales. Soit, plus directement : pourquoi elle continue à être payée alors qu'elle vit à l'étranger. C'est par le biais d'une interview publiée par la Maison royale elle-même que l'intéressée et sa famille ont tenté d'éclaircir les points soulevés par l'opinion publique. "Le fait que je vive aux Etats-Unis plutôt qu'en Suède en signifie pas que mon rôle de princesse de Suède ait changé ; seulement, je continue à oeuvrer pour la Suède depuis les Etats-Unis", fait-elle valoir, indiquant qu'elle restera à New York au moins encore jusqu'à l'année prochaine. Une interview fatalement assez consensuelle qui ne lève pas tous les doutes, d'autant que les Suédois sont accoutumés au zèle et à l'hyperactivité de la princesse Victoria...
Après une entrée en matière obligée, consacrée à ce "petit miracle" qu'est la princesse Estelle et aux multiples visites chez sa soeur et son beau-frère au palais Haga pour passer du temps avec sa nièce, la princesse Madeleine fait l'inventaire de ses activités officielles en Suède à l'occasion de son retour : "Plusieurs rencontres lors de visites à SOS Children's Villages, MinStoraDag (équivalent de Make-A-Wish), Brisbane, Save the Children. J'ai effectué ces visites parce que je veux rester au courant et informée de ce que des organismes suédois font en matière de protection et de soutien à l'enfance, en Suède comme ailleurs dans le monde. Je crois que c'est important de se renseigner sur le travail d'autres associations pour s'aider mutuellement. J'ai aussi pris part à une réunion de la direction de la World Childhood Foundation."
"Je suis triste qu'on pense que je vis dans le luxe et ne fais rien d'autre que du shopping et des sorties au restaurant."
Au sujet de la fondation présidée par sa mère, pour laquelle elle travaille depuis 2007, elle précise justement son rôle : "Je suis chargée de projet au sein de la World Childhood Foundation et je travaille dans les bureaux américains de la Fondation, à New York. En ce moment, je contribue à préparer une grande campagne, ainsi qu'un dîner caritatif suivi d'un séminaire le lendemain, en mai." Et ensuite ? "Bien entendu, je reviendrai à Stockholm pour le baptême de la princesse Estelle en mai. Puis j'irai en déplacement au Texas avec Charlotte Brandin, directrice de l'antenne new-yorkaise de la World Childhood Foundation, pour obsever quelques projets que nous envisageons de soutenir. J'aurai alors l'occasion de rencontrer Laura Bush, également très impliquée dans l'action sociale [la rencontre avec Laura et George Bush a bien eu lieu, à l'occasion de ce déplacement au Texas du 28 au 30 mars, comme le prouve une photo sur le site de la monarchie suédoise, NDLR]."
C'est en fin d'entretien que sont abordées les questions qui fâchent : les questions d'argent. "J'ai pris très à coeur ce qui a été écrit, remarque la princesse Madeleine. Je suis triste lorsqu'on dit que je vis dans le luxe et passe mon temps à faire du shopping et à aller au restaurant. J'ai mon travail pour le compte de la World Childhood Foundation, et, quand on me le demande, je sers la Suède. Par exemple, je vais prendre part à la conférence des femmes dirigeantes de la chambre de commerce suédo-américaine à New York ainsi qu'à un hommage à Raoul Wallenberg à Washington. Les Etats-Unis sont un pays important pour les intérêts suédois, aussi bien économiques que culturels. (...) Cela soulage que le site de la Maison royale ait rétabli la vérité : à savoir que mes frais de déplacement et de représentation sont pris en charge quand je représente la Suède. Pour le reste, je paye de ma poche. Et je ne perçois bien sûr aucun salaire de la World Childhood Foundation. C'est un vrai privilège de ne pas avoir besoin d'être payée pour aider des enfants défavorisés et d'aider à faire de la vision de ma mère une réalité."Si le traitement de la princesse Madeleine, issu de la liste civile (plus de 13 millions d'euros en 2010) votée par le gouvernement dont la répartition est laissée à la libre appréciation du roi, est forcément bien moindre que celui octroyé à la future reine Victoria et son mari (2,3 millions d'euros en 2010), on serait curieux d'en connaître le détail. A quand la publication des comptes suédois, comme en Espagne, ou, à défaut, une interview qui ne soit pas réalisée par la Maison royale elle-même ?
G.J.