A 60 ans, âge symboliquement associé à la retraite, la reine Noor de Jordanie, veuve du roi Hussein, ne désarme pas et poursuit avec une vigueur intacte son combat philanthropique. Mardi 28 février 2012, au Capitole, à Washington, elle prenait la parole en tant que membre de la Commission internationale des personnes disparues (IMCP), lors d'un colloque sur le thème "Conflit et désastre". Elle s'exprimait devant les représentants des Etats-Unis auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE, également dite commission Helsinki), faisant part de sa crainte que le sort des disparus dans les pays membres de l'Organisation reste sous silence. L'IMCP estime à plus d'un million le nombre d'individus portés disparus, pour cause de guerre, de violation des droits de l'Homme, d'histoires de trafic (d'êtres humains ou de drogues) et de catastrophes naturelles.
La reine a, surtout, mis en avant la "terreur" des familles de disparus, qui "cherchent des réponses". "A peu près partout dans le monde, à l'heure actuelle, les familles n'ont aucun recours légal pour demander des réponses, et ceux qui sont assez courageux pour poser les questions s'exposent aux représailles des autorités, qui sont souvent, à la base, en cause dans les disparitions", a-t-elle déploré.
Elle a également salué le travail d'identification des victimes des guerres d'ex-Yougoslavie soutenu par l'IMCP, notant que 70% des 40 000 individus portés disparus avaient été identifiés. Avant d'atteindre un tel score et autant de dossiers, Jack Malone (Anthony LaPaglia) et son équipe de la série FBI : Portés disparus ont du pain sur la planche ! Noor et ses associés font toutefois plus fort, puisqu'ils sont dans la réalité et non la fiction...
Outre les actions de la Noor Al Hussein Foundation, fondée en 1979, la King Hussein Foundation et sa déclinaison internationale instaurée en 1999 en hommage et en prolongement de l'oeuvre de son défunt époux et ses nombreux patronages, elle s'est affirmée sur la scène mondiale comme une artisane de la paix incontournable, investie dans de multiples organisations. Parmi elles, l'ICMP, présidée par le diplomate américain Thomas Miller, créée il y a quinze ans au G7 de Lyon à l'initiative de Bill Clinton en vertu des accords de Dayton après les guerres de Yougoslavie. En 1996, la reine Noor s'y était déplacée pour la première fois en mission humanitaire. Depuis, elle a accompagné les actions de l'IMCP, dont le système d'identification par ADN sert aussi bien lors de catastrophes naturelles que dans des dossiers concernant les droits de l'Homme. Elle y a également supervisé un programme de réhabilitation des familles et a contribué à la création de l'Institut des personnes disparues, qui a fait la lumière sur les milliers de personnes disparues et assassinées lors du conflit dans les Balkans.
A noter que la princesse Mary de Danemark se trouvait simultanément dans la capitale fédérale américaine - pour défendre la cause des femmes battues.