Laetitia Casta presque nue, évoque sa belle relation avec Yves Saint Laurent...

Quand elle a débarqué moulée dans une fabuleuse robe transparente en plumes d'autruche sur la scène du Théâtre du Châtelet, pendant la cérémonie des César, Laetitia Casta a fait taire tout le monde. Certains y ont vu un geste de provocation, mais pour elle, à qui cette tenue tenait particulièrement à coeur, elle a vu là l'occasion d'accomplir un geste d'amour envers son pygmallion Yves Saint Laurent , qui avait confectionné cette pièce en 1968.

Alors que l'exposition qui lui est dédiée au Petit Palais ouvre ses portes demain (et jusqu'au 29 août), Laetitia, la dernière muse du créateur, a décidé de parler et évoque sa relation si intime avec cet écorché vif qui est mort le 1er juin 2008 à Paris.

L'exposition, qui a pour ambition de lever le voile sur l'une des plus grandes figures de la mode contemporaine propose une vision panoramique des quarante années de création d'Yves Saint Laurent. Et elle se déroule selon un parcours thématique présentant une sélection de 307 modèles de haute couture et prêt-à-porter, des photographies, des dessins et des films.

A travers ses créations et ses muses, comme Catherine Deneuve, dont les tenues majeures (10 pièces) seront aussi exposées, YSL se dévoile, pour le plus grand bonheur des amateurs de spectacle.

A la veille du Jour J, ses proches se confient dans le nouveau numéro de Paris Match. Pierre Bergé , à l'initiative de cette grande rétrospective intégrale, évoque sa relation passionnée avec le maître de la mode, une relation retranscrite dans Lettres à Yves, en vente depuis le 4 mars 2010 (et qui fait face à Saint Laurent, Mauvais garçon, de Marie-Dominique Lelièvre, un ouvrage qui l'a mis en rogne), et lève le voile sur leur vie commune, souvent fusionnelle, à coups de morceaux choisis de l'ouvrage qui promet de révéler l'homme au grand jour. A l'aide d'une couverture sublime, sur laquelle Laetitia Casta pose presque nue dans un jeu d'ombres et de lumière au côté d'un portrait du créateur, immortalisée par Dominique Issermann.

Et elle se souvient de sa rencontre, de son sourire et de son aide précieuse pour la faire accepter dans le milieu très fermé de la mode. "J'avais 19 ans, je ne correspondais pas à son style. J'étais sans maquillage comme je n'entrais pas dans le smoking, le studio m'avait habillée d'une jupe au genou et d'un col roulé". Timide, elle s'avance et entend le maître lui susurrer "Vous êtes belle". C'est le début d'une formidable histoire d'amour entre les deux personnages. Laetitia est de tous les défilés, l'accompagne dans chaque étape importante, il la surnommait d'ailleurs "mon oiseau de paradis". "Il aimait les femmes en tant que sujets, pas les mannequins porte-manteau. Je suis devenue femme en Yves Saint Laurent", poursuit-elle.

Saint Laurent cédait à ses volontés, il souriait dès qu'elle lui rendait visite, elle était véritablement son "rayon de soleil".

Et si le top devenu actrice comblée aime à se souvenir des doux moments passés avec son mentor, celui qui a partagé sa vie, Pierre Bergé, n'hésite pas à plonger le personnage dans l'ombre et à dévoiler les moments durs qu'ils ont vécus ensemble.

"C'était terrible de le voir s'autodétruire, il est passé d'une addiction à une autre, lâche Pierre Bergé au sujet de la dépendance de son ancien amour à la drogue, l'alcool et plus tard, quand il sera sobre, aux sucreries. "Je t'ai protégé de tout et probablement trop. Sans le savoir je t'ai infantilisé. De même tu as été dépendant de la drogue, tu l'as été de moi", écrit-il dans son ouvrage. Dépression, tentatives de suicide, c'est un YSL tourmenté qui nous est présenté dans les colonnes du magazine et du livre de Pierre Bergé. Et celui-ci dévoilera également la violence du couturier : "Tu as failli, plein d'alcool et de cocaïne, me tuer avec cette tête grecque que j'ai évitée de justesse".

Yves Saint Laurent, un artiste passionné, un homme entier, colérique, tourmenté mais diable, un Génie de la mode.

Sabrina Bestani