Le Tour de France va devoir se trouver sept nouveaux vainqueurs... Lance Armstrong va en effet perdre le bénéfice de ses sept titres glanés entre 1999 et 2005, conséquence d'une longue bataille judiciaire contre l'Agence antidopage américaine (USADA) qui le soupçonne de pratiques illégales depuis de longues années.
Jeudi 23 août, Lance Armstrong a baissé les armes, fatigué par la bataille judiciaire qu'il menait contre l'USADA, qu'il jugeait incompétente pour juger son affaire, invoquant une vendetta contre lui. "Aujourd'hui, je tourne la page. Je ne m'occuperai pas plus longtemps de cette question, étant donné les circonstances", lâchait-il laconiquement sur son compte Twitter avant de revenir dans un long communiqué sur son site officiel sur les circonstances de ce renoncement lourd de conséquences. "Il vient un moment dans la vie de tout homme où il doit dire 'assez c'est assez'. Pour moi, ce moment est arrivé", expliquait-il en préambule. "Le fardeau que ça représente pour ma famille et mon travail, dans ma fondation, m'amène où je suis aujourd'hui, ça finit avec ce non-sens" poursuit-il.
Un non-sens qui dure depuis maintenant deux ans et qui fait suite à de nombreux rebondissements judiciaires. Dans un premier temps, une enquête fédérale ouverte après des accusations de son ancien coéquipier Floyd Landis avait mené à un non-lieu contre le recordman des victoires sur la Grande Boucle, mais l'USADA avait décidé d'ouvrir une procédure disciplinaire sur la base des éléments de l'enquête fédérale. Lance Armstrong avait donc lancé devant un tribunal d'Austin plusieurs procédures judiciaires pour tenter d'y mettre un terme. Elles avaient à chaque fois été rejetées.
Acculé par l'USADA, le cycliste américain, touché par un cancer en 1997 et revenu au plus haut niveau après des années d'anonymat, a pourtant toujours nié avoir eu recours à des pratiques dopantes. Face aux accusations de ses anciens coéquipiers, Floyd Landis, George Hincapie, Levi Leipheimer ou encore Tyler Hamilton, il avait maintenu sa défense, malgré des propos pourtant accablants. "J'ai vu [l'EPO] dans son frigo. Je l'ai vu se l'injecter, plus d'une fois. (...) Nous l'avons tous fait. Moi-même, je l'ai fait, à de nombreuses reprises", déclarait ainsi Tyler Hamilton, équipier modèle chez US Postal.
"C'est un triste jour pour tous ceux d'entre nous qui aimons le sport et nos athlètes", a pour sa part déclaré le directeur général de l'Usada, Travis Tygart. Avant d'ajouter : "Il s'agit d'un exemple poignant de la manière dont la culture du gagner-à-tout-prix peut, si elle n'est pas contrôlée, submerger la compétition juste, sûre et honnête. Mais pour les athlètes sains, c'est un rappel rassurant qu'il y a un espoir pour les générations futures de concourir sans l'usage de drogues qui améliorent les performances." Outre la perte de ses sept Tours de France et de tous ses résultats depuis le 1er janvier 1998, Lance Armstrong sera également radié à vie du cyclisme professionnel, lui qui avait entamé une nouvelle carrière dans le triathlon.
En abandonnant la bataille juridique, Lance Armstrong reconnaît-il implicitement les faits, comme le pense l'USADA ? On peut en douter, vu l'acharnement avec lequel il a lutté pour défendre son honneur et sa réputation. Mais las de ces batailles juridiques, l'homme de 40 ans ne souhaite plus qu'une chose, se consacrer à la lutte contre le cancer pour laquelle il a déjà levé 500 millions de dollars : "Je me consacrerai au travail que j'ai commencé avant même de gagner le Tour de France : servir les gens et les familles affectés par le cancer."