Pas moyen de goûter aux joies de la (semi-)retraite tranquille ! En 2010, il y a eu Floyd Landis ; en 2011, voici qu'un autre ancien lieutenant, Tyler Hamilton, reprend le flambeau du haro sur Lance Armstrong, soupçonné de dopage au cours de sa carrière créditée notamment de sept victoires finale sur le Tour de France.
En 2010 déjà, les révélations polémiques de son ancien coéquipier et compatriote Floyd Landis, vainqueur déclassé du Tour 2006, sur un dopage institutionnalisé au sein de l'US Postal sous l'impulsion d'Armstrong et de son directeur sportif, avaient valu au Texan l'ouverture d'une enquête fédérale (sur la possible utilisation de fonds publics à des fins illicites, l'équipe d'Armstrong étant sponsorisée par US Postal, entreprise financée par le gouvernement américain) et l'avaient obligé à sortir de son mutisme en répliquant avec virulence. La revue Sports Illustrated avait encore ajouté à la tempête, révélant que le champion était dans le collimateur de la Food and Drugs administration (FDA), prétendument en possession de centaines de documents pour formuler de nouvelles allégations.
Tandis qu'Armstrong, père de cinq enfants qui aura 40 ans en septembre prochain et qui a raccroché après une ultime épreuve internationale il y a quelques mois, se défend par le silence ou à coups de répliques laconiques sur son Twitter, Tyler Hamilton, qui avait été suspendu deux ans en 2005-2006 suite à un contrôle anti-dopage positif sur la Vuelta 2004 (il fut le premier coureur convaincu de dopage par transfusion sanguine - il avait toutefois pu conserver sa médaille d'or d'Athènes en raison d'un problème de conservation de son échantillon), le chahute à son tour. Partenaire d'Armstrong chez US Postal de 1998 à 2001, il a tenu sur CBS des propos, relayés par l'AFP, relativement comparables à ceux de Landis, affirmant avoir été spectateur aux premières loges du dopage d'Armstrong : "Il y avait de l'EPO... testostérone... transfusion sanguine. (Armstrong) a pris ce que nous prenions tous. J'ai vu (de l'EPO) dans son réfrigérateur. J'ai vu (Armstrong) se l'injecter, plus d'une fois." Il ne s'agit que d'extraits de la bande-annonce de l'émission 60 Minutes qui sera diffusée dimanche : il faut donc s'attendre à un déballage bien plus accablant.
Rapidement, Armstrong a contre-attaqué, via Twitter : "Plus de 20 ans de carrière, 500 contrôles antidopage à travers le monde, pendant et hors compétition et je n'ai jamais été contrôlé positif. Les faits parlent d'eux-mêmes." Et son avocat de tenter de discréditer Hamilton comme Landis auparavant : "L'attrait pour l'argent et la soif de publicité (de Hamilton) n'y peuvent rien : Lance Armstrong est le sportif le plus contrôlé de l'histoire."
Tyler Hamilton, 40 ans, dont la carrière a pris fin avec sa seconde supension (huit ans pour usage d'un anti-dépresseur proscrit) en avril 2009 et travaille désormais comme coach, faisait partie des témoins cités à comparaître à l'été 2010 dans le cadre de l'enquête fédérale en cours : "Pendant six heures, j'ai dit toute la vérité et rien que la vérité, explique Hamilton dans une lettre adressée à sa famille et ses amis, publiée jeudi par le site cyclingnews.com. J'ai senti une forme de soulagement (...) Tous les secrets, le poids que je portais depuis des années, se sont envolés soudainement. J'ai compris que c'était ce chemin que je devais prendre."
Tant de confessions... et toujours pas la moindre du côté de Lance Armstrong, dont les partisans ont lancé jeudi un site de soutien, www.facts4lance.com.