Vendredi 18 janvier été diffusée la seconde partie de l'entretien exclusif de Lance Armstrong par Oprah Winfrey. Après une première partie très dense en informations où l'ex-coureur cycliste avoue s'être dopé, cette seconde séquence semblait bien plus chargée en émotions. Moins de révélations et d'aveux, mais plus de fragilité que l'Américain, sept fois vainqueur du Tour de France (1999-2005), n'a pu cacher face aux questions de l'animation Oprah Winfrey.
"Une peine de mort"
Privé de ses titres, Lance Armstrong (41 ans) ne conteste pas sa vitrine à récompenses désormais vide, mais plus sa radiation à vie du sport de compétition qu'il compare à "une peine de mort" qu'il n'est "pas sûr de mériter". Une déclaration choc suivie d'un aveu non dénué d'émotion, où l'homme dopé sous le feu des projecteurs, se pose comme un amoureux du sport à qui l'on retire la vie. La compétition "c'est ce que j'ai fait toute ma vie", a-t-il dit. Sportif dans l'âme, Lance Armstrong veut goûter au plaisir d'être "sur une ligne de départ", et pourquoi pas celle du "marathon de Chicago à 50 ans".
Au-delà de ses convictions intimes, Lance Armstrong a démenti avoir voulu offrir des pots-de-vin à l'Agence américaine antidopage (Usada) pour cacher son dopage "l'EPO, les transfusions et la testostérone" avoué la veille. En deux heures d'émission, Lance Armstrong a donc avoué sa tricherie, dans un bel exercice de communication. N'hésitant pas à jouer la carte sentimentale, Armstrong a évoqué sa mère "en ruines" ou encore son son fils aîné, Luke (13 ans) qui ne savait rien de cette histoire. "Je suis profondément désolé. Je peux dire ça des milliers de fois mais ça ne sera sans doute pas suffisant", confiait-il, la gorge nouée.
Les réactions s'enchaînent
Loin de l'émotion palpable sur les écrans américains, les réactions pleuvent et s'enchaînent. Pour le coureur français Richard Virenque, qui a longtemps gravi les cols aux côtés de l'Américain dopé, "tout a été manigancé et, même s'il avoue l'évidence, il n'y a pas de sincérité", confortant l'idée d'"exercice de communication millimétré avec des réponses à l'évidence étudiées" avancée par Christian Prudhomme, directeur du Tour de France.
Dans la classe politique, on reste plus prudent. Pour la ministre des sports Valérie Fourneyron, Armstrong doit témoigner "sous serment devant les autorités internationales antidopage indépendantes", de sorte que son "acte de contrition soit utile au cyclisme et à la lutte contre le dopage". Alors que les observateurs évoquent justement le peu d'informations lâchées par Lance Armstrong lors de ce long entretien, Michel Drucker veut (dans le JDD du dimanche 20 janvier) "lui proposer de nous raconter ce qu'il n'a pas dit" à la télévision, après avoir offert à la télévision l'interview du sportif racontant son combat contre le cancer.
Bientôt un film sur la chute d'Armstrong
Opportuniste et souvent très réactif quant aux événements touchant son Histoire, le cinéma américain a vite rebondi sur l'Affaire Armstrong. Si bien que les droits du roman de la journaliste du NY Times Juliet Macur, Le cycle des mensonges : la chute de Lance Armstrong (Cycle of Lies: The Fall of Lance Armstrong) ont été acquis par la Paramount et le producteur-réalisateur à succès J.J. Abrams – pourtant bien plus habitué au domaine de la science-fiction et des blockbusters. La biographie, attendue dans les bacs pour le mois de juin, racontera le combat du coureur contre le cancer, son retour à la compétition et les 7 Tour de France remportés, avant de plonger dans la disgrâce.