Grand amateur de cyclisme depuis plus de quarante ans maintenant, Michel Drucker a apporté un soutien inattendu à Lance Armstrong, reconnu coupable de dopage, destitué de tous ses titres et suspendu à vie par l'Union cycliste internationale.
Rare journaliste français à avoir pu rencontrer l'idole, Michel Drucker est revenu sur la condamnation publique de Lance Armstrong dans le JT de France 2 ce lundi 22 octobre et devant les caméras du site Internet de L'Express, tenant le même discours. Oui, Lance Armstrong s'est dopé, oui, il doit être puni, mais il n'en reste pas moins l'un des plus grands champions de la petite reine. Et pour se justifier, Michel Drucker, inamovible animateur du Service public et de l'émission Vivement Dimanche, évoque une formule désormais célèbre, reprise sur Twitter par un ancien coureur suspendu pour plusieurs contrôles positifs, Riccardo Ricco : "On ne peut changer un âne en cheval de course."
"D'accord, c'est lui qu'on lynche, il a été pris la main dans le sac. Mais ce n'est pas le premier. C'était un dopage organisé avec des moyens sophistiqués au plus haut niveau. Comment se fait-il que son entourage connaissait les dates de ses contrôles ? Il y a eu des complicités au plus haut niveau", explique-t-il ainsi sur France 2, reprenant les conclusions de l'enquête accablante de l'USADA. "Je veux garder de Lance Armstrong le souvenir d'un grand champion. Tous ceux qui ont été contrôlés positif et qui ont perdu leur maillot restent des grands champions. Je ne les excuse pas. Le système a toujours été là. Est-ce que c'est la fin du système de dopage organisé au plus haut niveau depuis dix ans ? On va voir, mais si l'EPO avait existé dans les années 50, les grands anciens auraient pris de l'EPO", ajoute-t-il, évoquant le fameux "pot belge" bien connu du peloton.
Car pour Michel Drucker, qui avait passé trois jours et trois nuits dans le Colorado chez Lance Armstrong, il est impossible de viser une victoire sur le Tour de France sans "un soutien". Pour L'Express, il évoque une nouvelle fois le lynchage médiatique que subit le coureur américain aujourd'hui déchu : "Je suis très partagé parce que je le connais bien. (...) En faire un bouc émissaire avec un tel acharnement me gêne. Évidemment, il n'est pas blanc-bleu. Il n'est pas le seul, et le dossier est bien plus complexe que ça. Lance Armstrong reste pour moi un grand champion, même si ça peut choquer certains. (...) Je ne peux pas penser qu'on puisse accomplir de tels efforts sans un soutien."
Et de mettre en avant le combat de Lance Armstrong contre le cancer, évoquant un homme d'une trentaine de kilos que l'on disait au pire condamné, au mieux capable de faire à peine 2 kilomètres à vélo, et qui, pourtant, a réussi le tour de force de glaner sept titres sur la grande boucle, avec un certain soutien que Michel Drucker a bien du mal à condamner. "Aux États-Unis, il y a deux Armstrong : celui qui a marché sur la Lune et celui qui a vaincu le cancer alors qu'il était mourant. Même un cheval n'aurait pas supporté son traitement. Je le respecte même s'il a consommé des produits dopants."
Michel Drucker voue visiblement une grande admiration aux coureurs convaincus de dopage comme Alberto Contador ou Lance Armstrong, qu'il juge "exceptionnels", et avoue qu'il aurait "tendance à être indulgent avec lui" du fait de son cancer, qui semble pour lui excuser le recours à des produits dopants. "Une sanction trop forte", qui "arrive trop tard" et qui ne change rien au fait que Lance Armstrong reste à ses yeux un grand champion. Il reste persuadé, dans l'hypothèse où le Tour de France se déroulait avec certitude sans dopage, que les classements seraient les mêmes...
"Pour moi, Lance Armstrong reste un grand champion. Cet acharnement, cette façon de le poursuivre comme un bandit de grand chemin, ça me choque profondément. Ce qui n'excuse pas que le dopage détruit, le risque est énorme et que ce n'est pas un bon exemple pour les gosses de 15 ans. Il n'empêche que Lance Armstrong reste un grand champion", conclut-il.