Sa prochaine arrivée sur RTL à la tête des Grosses Têtes de Philippe Bouvard - qui prendra les commandes d'Allô Bouvard - fait jaser. "Je ne suis pas assez populaire pour être sur TF1, pas assez élitiste pour être sur Canal+, mais ça me va bien comme ça", confie Laurent Ruquier dans le portrait que lui accorde aujourd'hui Libération en quatrième de couv. Alors Laurent Ruquier est-il ringard ou pas ? La journaliste Chloé Aeberhardt de Libé s'offre un sujet de bac de philo sur le sujet et tente d'y répondre.
"Je suis moi-même"
"Il fallait que j'y aille", lâche Laurent Ruquier. Pour lui Les Grosses Têtes, c'est un rêve de gosse. Au Havre, ce petit dernier d'une famille de cinq enfants illumine sa vie grâce un poste de radio. "RTL était ma deuxième famille", avoue celui qui dévoilait le 19 juin son autobiographie Radiographie. Pour lui, donc, pas question de "cracher sur ce qui nous a forgés". Du coup, Laurent assume aimer Bouvard, ses Grosses Têtes mais aussi les artistes populaires, les chansonniers et leurs calambours. "Je n'ai jamais cherché à être moderne", déclare l'animateur de 51 ans. Fier de ne jamais avoir eu à jouer un personnage, il ajoute : "Dieu m'en garde, c'est le meilleur moyen de ne pas durer. Je ne me force pas à être un personnage, je suis moi-même."
Mais Laurent Ruquier a aussi son côté hype. Comme l'appuie son ami Jean-Marc Dumontet, qui a racheté avec lui le théâtre Antoine, Laurent Ruquier est bien celui qui produit Gaspard Proust et invite Nicolas Bedos sur le plateau d'On n'est pas couché. La pointe de l'humour. Depuis son coming-out à la fin des années 90, dans un sketch de son spectacle Encore gentil, il ose parler de sexe à l'antenne. Choquer la ménagère ? Il prend le risque. "C'est ma façon d'assumer et de rendre les choses normales", clame-t-il. Pascé avec son compagnon Benoît, il défend désormais le droit à l'adoption pour les couples homosexuels. Un droit auquel il n'a pas toujours adhéré : "J'ai longtemps été mal à l'aise avec la gestation pour autrui. L'aspect commercial me gêne. J'évolue... Il faut vivre avec son temps." A-t-il pour autant des envies d'enfant ? Il répond : "Ce n'est pas dans mon logiciel. Je suis de la vieille génération, je ne me suis jamais préparé à ça."
S'il ne s'exprime pas sur le départ de son confrère Arthur vers la Belgique, il est contre l'exil fiscal et n'est pas contre payer trop d'impots. Propriétaire de trois maisons, à Paris, "à la campagne", et à Marseille, il a aussi un coach de boxe personnel mais refuse de dévoiler son salaire "par décence".
Alors ringard ou hype, populaire ou élitiste, si Laurent Ruquier est difficile à ranger dans une de ces cases, il y a au moins une chose qui est sûre, il reste lui-même et n'est pas près de changer.
Radiographie, autobiographie de Laurent Ruquier, aux éditions du Cherche Midi, le 19 juin 2014 en librairie.