Chômage en hausse, croissance en berne, nouveau remaniement... Ça ne s'arrange pas pour François Hollande. Tombé à 17% d'opinions favorables - selon le dernier sondage publié dans le Journal du dimanche hier -, le président divise même chez les sympathisants de gauche, à commencer par un des plus célèbres : Laurent Ruquier. Invité de Soir 3 samedi, l'animateur a sévèrement taclé le chef de l'Etat, pour lequel il "regrette d'avoir voté". A l'heure où le gouvernement Manuel Valls vient de présenter sa démission, ça gronde encore pour le président...
"François Hollande est pire que Nicolas Sarkozy"
Les fameux "frondeurs" opposés à François Hollande au PS viennent de trouver un allié à France Télévisions. Mécontent comme une bonne partie des Français, Laurent Ruquier n'a comme d'habitude pas fait dans la langue de bois lors du Soir 3. "Oui", répond-il ainsi quand on lui demande s'il regrette d'avoir voté pour lui. "La majorité du pays, de droite comme de gauche, n'est pas contente. Il y a un problème", dénonce le successeur de Philippe Bouvard à la tête des Grosses têtes sur RTL et soutien de Ségolène Royal en 2007.
Laurent Ruquier se retrouve désormais plus dans le discours de l'aile gauche du PS, voire du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, lequel a récemment estimé qu'Hollande était "pire que Nicolas Sarkozy". "C'est vrai qu'il n'a pas tout à fait tort, pense l'animateur. Au moins, quand Nicolas Sarkozy est président, il y a à peu près la moitié des Français qui sont contents, ceux qui ont voté pour lui et qui ont voté à droite. Quand François Hollande est président, même ceux qui sont à gauche ne sont pas contents (...) Si on vote pour quelqu'un de gauche, il faut que le président fasse une politique de gauche", analyse-t-il, avant de donner un bon point à un ministre socialiste : Arnaud Montebourg, à l'Economie.
Crise d'Etat
Malheureusement pour Laurent Ruquier, on ne devrait plus revoir l'ancien compagnon d'Audrey Pulvar au gouvernement. Car ce week-end, les sévères critiques du ministre de l'Economie contre la ligne politique suivie par le président ont été celles de trop. Face à cette fronde interne, le président a pris une décision radicale : le remaniement. Après 147 jours de "combat" seulement, à la suite de la débâcle des régionales, le Premier Ministre Manuel Valls a donc présenté la démission de son gouvernement ce lundi et devra en former un autre, qui sera annoncé mardi selon l'Elysée.
En privé, Manuel Valls avait reconnu qu'Arnaud Montebourg, soutenu par le ministre de l'Education Benoît Hamon, avait cette fois dépassé les bornes. "Une ligne jaune a été franchie", avait admis son entourage dans Le Monde sans qu'on s'attende toutefois à séisme aussi rapide. Invité d'Europe 1 ce matin, Arnaud Montebourg lui-même ne savait pas s'il resterait ministre mais avait déclaré être "dans l'hypothèse" d'un départ. "Il ne me semble pas qu'on se sépare de ministres qui apportent des propositions dans un débat justifié", avait-il lâché, comme un dernier baroud d'honneur. Sauf que François Hollande a - très probablement - choisi de s'en séparer, au grand dam d'une partie de la gauche. N'est-ce-pas, Laurent Ruquier ?