C'est l'un des plus beaux hôtels de la Côte d'Azur, un joyau situé au numéro 37 de la célèbre promenade des Anglais à Nice. Cette année, le Negresco, sublime cinq étoiles, célèbre son 100e anniversaire et sa propriétaire et directrice, celle qui lui a donné son lustre international, 90 ans le 27 mars. Jeanne Augier, c'est son nom, raconte son histoire d'amour avec le Negresco, à qui elle a consacré soixante ans de sa vie, dans un livre - La Dame du Negresco, paru aux éditions du Roche. Avec son franc-parler et de nombreuses anecdotes, elle retrace sa route de Rennes à Nice où elle côtoie artistes et stars. Mardi 8 janvier, cette figure de Nice en dédicaçait quelques exemplaires dans le salon Versailles de l'hôtel.
Un ascenseur
Bretonne, Jeanne Augier emménage à Nice dans les années 50 avec ses parents. Lorsque sa mère se retrouve dans un fauteuil roulant du fait d'une erreur médicale. Son père, Jean-Baptiste Mesnage, riche promoteur immobilier, décide d'acquérir le Negresco qui possède un ascenseur. C'est alors un établissement en très mauvais état, au charme fané. Tandis que Mesnage et son gendre Paul Augier assurent la gestion des lieux, Jeanne Augier entreprend de le restaurer. "Le Negresco est devenu mon enfant, confie aujourd'hui la propriétaire. Je l'ai forgé comme je le désirais, de mes propres mains."
La grande idée de Jeanne Augier est d'en faire un hôtel-musée, où meubles de collection et oeuvres d'art habillent les couloirs, les chambres et les salons. Elle métamorphose les lieux en "Versailles de l'hôtellerie française" et comme Versailles, le Negresco devient un symbole de la France à l'étranger. Impressionné par son style, le Shah d'Iran invite Jeanne Augier a concevoir et décorer l'hôtel Shah Abbas à Ispahan. La propriétaire du Negresco ne perd jamais ce souci de "bien représenter la France" : "Je suis très cocorico !", déclare-t-elle encore.
Un guépard en laisse
Depuis, le Negresco accueille les plus grandes stars. Nos confrères de Nice-Matin en dressent une liste, forcément non exhaustive : "Jean Cocteau, Gary Cooper, Catherine Deneuve, François Truffaut, Sophia Loren, Ava Gardner, Alfred Hitchcock, Gina Lollobrigida, Charlie Chaplin, Marlene Dietrich, Walt Disney, Glen Ford, le président des États-Unis Harry Truman, Simone Veil, la princesse Grace de Monaco, la Begum Aga Khan, Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac, Les Beatles, Elton John, Michael Jackson et le peintre Marc Chagall..." Le livre de Jeanne Augier regorge d'anecdotes sur ces célèbres clients comme sur ses amis. Salvador Dali, par exemple : "Je me souviens de son guépard tenu en laisse. Je l'ai félicité pour son amour pour les animaux. Il m'a répondu qu'il ne faisait pas cela par intérêt pour les animaux, mais pour sa propre publicité !"
Les animaux, c'est une des préoccupations de Jeanne Augier que ses 166 employés appellent "Madame". Madame n'ayant pas eu d'enfant, elle crée un fonds de dotation Mesnage-Augier-Negresco le 17 avril 2009 à qui elle lèguera le cinq étoiles et sa fortune personnelle. Ce fonds a trois objectifs : la défense des animaux, l'aide apportée aux personnes handicapées ou aux personnes en détresse, ainsi que la participation active à la "préservation culturelle en France, notamment en assurant la sauvegarde de l'hôtel Negresco et de ses collections". Pour que le Negresco, joyau de la promenade des Anglais, continue de briller.
"La Dame du Negresco", de Jeanne Augier, paru aux éditions du Rocher le 14 décembre, 178 pages, 17,90 €.