En votant une loi d'amnistie, Vladimir Poutine a permis la libération des deux Pussy Riot encore emprisonnées. Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova ont retrouvé lundi 23 décembre leur liberté, un an et demi après leur condamnation pour hooliganisme qui avait suscité une grande vague d'indignation et le soutien de nombreuses stars, de Madonna à Paul McCartney en passant par Jeanne Moreau. Mais cette amnistie est taxée d'opération de communication par les intéressées en vue des Jeux olympiques de Sotchi.
Mars 2012, trois jeunes femmes sont condamnées à deux ans de camp pour avoir chanté une prière anti-Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou un mois plus tôt. Quelques mois après le verdict, la peine d'Ekaterina Samoutsevich est commuée en sursis, mais ces deux camarades restent derrière les barreaux. Lundi, Maria Alekhina (25 ans) est libérée discrètement du camp de Nijni-Novgorod (Volga) et Nadejda Tolokonnikova, qui avait entamé une grève de la faim, est apparue affaiblie devant l'hôpital pénitentiaire de Krasnoïarsk, en Sibérie orientale.
Des journalistes attendaient les jeunes femmes, lesquelles ont tenu des propos très durs envers la Russie. "Les camps sont le visage du pays, a déclaré Nadejda. J'ai vu cette petite machine totalitaire de l'intérieur." "Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un geste d'humanisme, estime pour sa part sa camarade Maria. Mais plutôt d'une opération de communication."
"Pourquoi ont-ils fait tout cela ? C'est clair : pour que l'on ne boycotte pas complètement la Russie aux Jeux olympiques", dénonce Nadejda sur la station de radio Echo de Moscou.
Maria Alekhina affirme même qu'elle aurait refusé l'amnistie si elle avait eu le choix. La jeune militante des Droits de l'Homme est allée à Moscou où l'attendaient de nombreux partisans avec des fleurs et des ballons. Elle est ensuite partie pour Krasnoïarsk où elle a rejoint Nadejda Tolokonnikova. Les deux jeunes femmes s'y sont retrouvées ce mardi 24 décembre et, main dans la main, ont réaffirmé leur détermination à se battre contre le système. Elles ont un projet de défense des Droits de l'homme sur le feu et donneront à Moscou une conférence de presse en fin de semaine. Leur objectif : débarrasser la Russie de Poutine.
Les Pussy Riot ne sont pas les seules à bénéficier de la "clémence" de Vladimir Poutine. Le président russe a également libéré le prisonnier politique Mikhaïl Khodorkovski, gracié à la surprise générale après dix ans de détention, ainsi que les militants de Greenpeace arrêtés en septembre après une opération autour de la plateforme pétrolière Gazprom. L'actrice Marion Cotillard s'était mise en cage devant le palais royal à Paris pour réclamer leur libération.