Son premier livre, La valise en carton, s'était arraché en librairies : Linda de Suza a vendu 2 millions d'exemplaires de son autobiographie. Mais que lui reste-t-il aujourd'hui ? De cet argent comme celui généré par ses 20 millions de disques vendus ? Rien. Mal conseillée, mal entourée et escroquée, Linda de Suza est dans une situation financière terrible, qu'elle raconte dans un nouveau livre, Des larmes d'argent, attendu fin octobre : "Ce livre dira toute la vérité... Comment j'ai été volée, humiliée, trahie par ceux à qui j'avais donné toute ma confiance. Je veux transmettre aux jeunes la nécessité d'apprendre, de savoir pour ne pas se laisser abuser." Elle y raconte ses erreurs, sans tabou : comme cette forme de prostitution à laquelle elle s'est livrée bien avant ses premiers succès.
En pensant à ce que je faisais, j'entendais la voix de ma mère dans ma tête qui hurlait en me traitant de puta !
Ce sont nos confrères de France dimanche qui publient les premiers extraits de ce livre explosif. Au chapitre deux, Linda de Suza raconte comment elle a tenté, pour la troisième fois, de s'établir en France. Nous sommes en 1972, elle a 24 ans. Elle trouve un premier emploi dans un hôtel-restaurant de Charleville-Mézières où la patronne demande à ses employées d'être très attentionnées avec les clients et, éventuellement, de les accompagner. Linda de Suza comprend et fuit. Mais cela ne restera pas sa seule expérience en la matière. Dans le livre, elle parle de Doudou : "Un monsieur qui avait l'âge d'être mon père, voire mon grand-père", écrit-elle. Elle faisait le ménage chez lui, mais il réclamait de l'affection, qu'elle a fini par lui octroyer : "Entre lui et moi, rien n'était dit ouvertement. Les choses se passaient tout simplement : j'acceptais ses gestes, ses mains sur mon corps. En échange, il me donnait de l'argent. Avait-il conscience qu'il achetait un semblant d'amour ? Je n'en suis pas certaine et je préférais ne pas le savoir. Après tout, ça n'aurait rien changé. Je n'avais pas de sentiments pour lui. Je lui rendais simplement service et lui aussi, à sa manière."
Avec cet argent, Linda de Suza a pu louer un petit appartement à Clichy où élever tranquillement son fils. Et même offrir des obsèques à son père. Mais la future chanteuse à succès est rongée par le remords : "En pensant à ce que je faisais, écrit-elle aussi, j'entendais la voix de ma mère dans ma tête qui hurlait en me traitant de puta !" Linda de Suza n'en a jamais parlé à personne pendant des années. Elle culpabilisait, se sentait "sale". Elle espère que ses admirateurs ne la jugeront pas.
France dimanche, en kiosques le 2 octobre 2015.