À 50 ans, Mads Mikkelsen est peut-être au sommet de sa carrière. Attendu aux castings de Rogue One (spin-off de Star Wars) et de Docteur Strange, l'acteur danois est aussi l'un des visages du jury de la Compétition officielle du Festival de Cannes 2016. Une actualité à parfaire avec un film au cinéma, Men & Chicken, pour lequel il a retrouvé son compatriote et ami, le réalisateur Anders Thomas Jensen (Les Bouchers verts). Un homme que Mikkelsen porte en très haute estime, n'hésitant pas à le comparer à David Lynch ou aux frères Coen. "Il n'y a personne qui fait des films comme lui, et ça le rend évidemment spécial", nous assure d'emblée le charismatique comédien, qui collabore avec lui pour la troisième fois.
Men & Chicken (sur nos écrans le 25 mai), c'est l'histoire d'Elias et Gabriel, deux frères qui, à la mort de leur père, découvrent qu'ils ont été adoptés et que leur père biologique, Evelio Thanatos, est un généticien qui travaille dans le plus grand secret sur une île mystérieuse. Malgré leur relation houleuse, ils décident de partir ensemble à sa rencontre. Arrivés sur cette île éloignée de la civilisation, ils vont découvrir une fratrie étrange et des origines inquiétantes.
Cela donne un long métrage et des personnages à la fois délirants et touchants, notamment celui qu'incarne Mads Mikkelsen, un frère protecteur un brin obsédé par les filles et qui déteste les injustices. "Ils sont fous. Ce qui m'a séduit, c'est qu'ils agissent comme des enfants la plupart du temps. Inconscients. Mais solidaires", affirme l'acteur qui voit le film comme "un conte sur le destin". "C'est trouver sa place sur la planète, dans un univers", philosophe-t-il. À l'écran, l'intrigue brasse les genres, de la comédie au drame en passant par le cinéma de genre. "Il y a du noir, du baroque", note Mads Mikkelsen, pour qui Men & Chicken n'est pas "une comédie classique".
"Ce que cherche mon personnage, ce ne sont pas tant des réponses sur sa famille, contrairement à son frère, mais tout simplement le fait d'être aimé, surenchérit la star du film. Il se moque de savoir qui était son père, que faisait sa mère. Il veut juste que ses nouveaux frères l'aiment." Un personnage finalement très proche en ce sens du quinquagénaire, qui n'a jamais cherché à en savoir plus sur ses descendants. "Je n'ai que les personnes que j'ai connues, et ça me va, assure-t-il. Ce serait peut-être fun de le savoir, mais ça ne changerait pas grand-chose."
De son actualité cinématographique au Festival de Cannes qui ouvre ses portes ce 11 mai, il n'y a qu'un pas que Mads Mikkelsen franchit aisément. "Je suis très fier d'être membre de ce jury. Ce sera quelque chose de nouveau pour moi, notamment parce que je n'ai jamais vu de films à Cannes", confie le Danois révélé au grand public dans Casino Royale. Dans la sélection, il jugera notamment son autre grand ami, Nicolas Winding Refn, avec qui il était venu pour la première fois à Cannes, pour y présenter Bleeder en 1999. "On avait l'impression d'être au mauvais endroit", confie-t-il avec humour. Ce qui ne l'a empêché de revenir.
Toujours à cheval entre son Danemark natal, Hollywood et parfois la France – il a brillé dans Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières –, Mads Mikkelsen n'a pas de projets en vue. "J'ai beaucoup travaillé ces sept derniers mois, sans voir le pays. Pour la première fois depuis longtemps, je vais prendre du temps pour moi", se réjouit-il.