C'est un jour qui a changé sa vie. Comme pour la France, les attentats 13 novembre ont été un véritable choc pour Magyd Cherfi, bouleversé par ces effroyables attaques. Mais plus encore qu'un torrent d'émotion, ce fut également une prise de conscience pour le chanteur de Zebda, qui s'est enfin senti "solennellement Français". Un sentiment nouveau qu'il a détaillé, à chaud, dans une belle tribune parue dans Libération, avant d'y revenir aujourd'hui pour Le Parisien.
Face à son écran, Magyd Cherfi n'en revient pas. Lors de cette soirée du 13 novembre, le chanteur de Zebda apprend les terribles attaques perpétrées à Paris depuis chez lui, aux côtés de son épouse. "Ma femme pleurait toutes les larmes de son corps, atteinte par quelque chose de désespéré", confie-t-il au Parisien. L'artiste toulousain est d'autant plus touché qu'il a joué au Bataclan et compte des amis d'amis présents au concert d'Eagles of Death Metal.
Démuni, Magyd Cherfi (53 ans) trouve refuge dans l'écriture. "J'ai eu le sentiment que j'y étais et qu'on me tirait dessus. J'ai eu besoin d'écrire. Et d'appeler la France", explique-t-il. Les mots écrits cette nuit-là formeront une tribune publiée seulement deux jours plus tard dans Libération. Devenu "solennellement français" lors de ce vendredi 13, un "jour de baptême", il y "promet devant le fronton des mairies d'aimer la France pour le pire et le meilleur, de la protéger, de la chérir jusqu'au dernier souffle."
Magyd Cherfi évoque également son père, immigré algérien, qui n'hésitait pas à le reprendre quand son fils avaient des mots durs envers la France. "Je l'ai enfin compris : oui, la France m'a donné l'école, l'hôpital et le pain de mon père", confie-t-il. "Je l'ai beaucoup moqué mais franchement, y a-t-il mieux ailleurs que Liberté, Egalité, Fraternité ?", ajoute le chanteur de Zebda, un groupe "jamais censuré depuis 30 ans", note-t-il. Après le cri du coeur, reste toutefois encore une volonté de changement : que la France "s'assume clairement multi-culturelle."