Maïwenn, Mélanie Laurent, Rosario Dawson, Kirsten Dunst et Edgar Ramirez lors de la remise des prix du festival de Cannes - mai 2011© JACOVIDES-BORDE-MOREAU / BESTIMAGE
La suite après la publicité
Ne demandez pas à la réalisatrice de Polisse de tenir un discours polissé. Maïwenn, actrice et cinéaste passionnée, à en horreur la langue de bois. Ses interviews baignent alors dans une sincérité parfois déroutante, cette écorchée vive semble être une farouche représentante de l'anti-hypocrisie dans le monde du cinéma français. Au cours de son entretien pour Grazia, elle fait de nouveau des éclats.
Titrée "Ma solitude me va très bien", l'interview de Maïwenn pour Grazia est teintée de mélancolie et d'un certain fatalisme. L'artiste à bout de souffle sur la scène du palais des festivals semble bien loin, on retrouve une cinéaste posée, qui regarde avec une lucidité déconcertante son travail éreintant pour Polisse.
Comme souvent, elle revient sur le festival de Cannes où elle a reçu le prix du jury, mais pour parler d'une anecdote qui n'en est finalement pas une. Si elle affirme que certains la voient comme une "folle qui a du succès", elle argumente ses propos : "Ce n'est pas une sensation, on me le dit ! A Cannes, par exemple, après mon prix, je discutais avec Jude Law [un des jurés]. Je lui posais des questions sur la délibération du jury et Mélanie Laurent [maîtresse de cérémonie à Cannes] était à côté de nous. Tout à coup, je l'ai entendue dire : 'Je ne comprends pas pourquoi vous lui avez donné un prix. Elle est folle cette fille !' Je ne me reconnais pas quand on dit ça de moi. Ça veut dire quoi folle ? C'est quoi une folle ? Je ne vois pas. J'ai une vie normale, je ne bois pas, je vais chercher mes enfants à l'école. Il n'y a pas plus terre-à-terre que moi."
En lisant cette déclaration, on imagine qu'une collaboration entre ces deux stars va se faire attendre. Et si de l'inimitié existe vraisemblablement entre elles, sur le plan cinématographique, elles affichent des genres particulièrement différents. Polisse mise dans sa réalisation sur un sentiment d'urgence, tandis que Les Adoptés, premier long métrage de Mélanie Laurent, affiche un style très léché.
Maïwenn est tout aussi franche avec les comédiens avec qui elle a travaillé dans Polisse. En revenant sur les conditions de tournage de Polisse, elle avoue qu'elle trouve "les acteurs ingrats", appuyant sur leur manque de reconnaissance : "Certains acteurs étaient des amis. [...] Ils ne se rendaient pas compte de la pression. [...] J'aurais aimé qu'ils se mettent un peu à ma place. J'ai vraiment découvert les acteurs sur ce film."
Avec JoeyStarr, héros de son film et son ancien compagnon, elle développe la teneur de leur relation : "Ce qui m'a frappée, c'est que lorsqu'on était ensemble avec Didier [Morville, alias JoeyStarr], j'ai eu l'impression de trouver quelqu'un, de par les origines sociales et raciales, qui me ressemblait. J'ai réalisé ô combien c'était enrichissant d'être avec un homme qui avait un parcours assez identique au sien. C'est la première fois que j'étais avec quelqu'un qui avait galéré comme moi, avait été tabassé, mal aimé, avait grandi dans des quartiers défavorisés." Et quand on lui dit que d'avoir dirigé ainsi JoeyStarr, c'est presque une déclaration d'amour, elle le redit encore : "Oui, je ne m'en cache pas, on s'est vraiment aimés..."
Si elle a développé en détails les dessous de son film, de sa plongée dans le monde de la brigade de protection des mineurs, des difficultés pour faire tourner des enfants sur un sujet aussi délicat que la maltraitance. Les policiers ont désormais vu son oeuvre : "Ce qui les a remués surtout, c'est le regard que je portais sur eux. Ça a été une vraie surprise pour eux, je crois." Son film rend en effet hommage aux actions des membres de cette brigade, en mettant en avant l'être humain au-delà du policier.
Polisse, c'est le projet d'une vie, le genre de film organique dans lequel la réalisatrice a mis tout son coeur, et qui prend aux tripes les spectateurs. Cette force, Maïwenn l'a acquise au fil des années, après une enfance faite de traumas, et elle s'est construite sans rien devoir à personne : "J'aurais aimé être redevable envers quelqu'un mais personne n'a été là, personne n'a cru en moi. Sauf ma monteuse."
Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le magazine Grazia du 14 octobre 2011
Titrée "Ma solitude me va très bien", l'interview de Maïwenn pour Grazia est teintée de mélancolie et d'un certain fatalisme. L'artiste à bout de souffle sur la scène du palais des festivals semble bien loin, on retrouve une cinéaste posée, qui regarde avec une lucidité déconcertante son travail éreintant pour Polisse.
Comme souvent, elle revient sur le festival de Cannes où elle a reçu le prix du jury, mais pour parler d'une anecdote qui n'en est finalement pas une. Si elle affirme que certains la voient comme une "folle qui a du succès", elle argumente ses propos : "Ce n'est pas une sensation, on me le dit ! A Cannes, par exemple, après mon prix, je discutais avec Jude Law [un des jurés]. Je lui posais des questions sur la délibération du jury et Mélanie Laurent [maîtresse de cérémonie à Cannes] était à côté de nous. Tout à coup, je l'ai entendue dire : 'Je ne comprends pas pourquoi vous lui avez donné un prix. Elle est folle cette fille !' Je ne me reconnais pas quand on dit ça de moi. Ça veut dire quoi folle ? C'est quoi une folle ? Je ne vois pas. J'ai une vie normale, je ne bois pas, je vais chercher mes enfants à l'école. Il n'y a pas plus terre-à-terre que moi."
En lisant cette déclaration, on imagine qu'une collaboration entre ces deux stars va se faire attendre. Et si de l'inimitié existe vraisemblablement entre elles, sur le plan cinématographique, elles affichent des genres particulièrement différents. Polisse mise dans sa réalisation sur un sentiment d'urgence, tandis que Les Adoptés, premier long métrage de Mélanie Laurent, affiche un style très léché.
Maïwenn est tout aussi franche avec les comédiens avec qui elle a travaillé dans Polisse. En revenant sur les conditions de tournage de Polisse, elle avoue qu'elle trouve "les acteurs ingrats", appuyant sur leur manque de reconnaissance : "Certains acteurs étaient des amis. [...] Ils ne se rendaient pas compte de la pression. [...] J'aurais aimé qu'ils se mettent un peu à ma place. J'ai vraiment découvert les acteurs sur ce film."
Avec JoeyStarr, héros de son film et son ancien compagnon, elle développe la teneur de leur relation : "Ce qui m'a frappée, c'est que lorsqu'on était ensemble avec Didier [Morville, alias JoeyStarr], j'ai eu l'impression de trouver quelqu'un, de par les origines sociales et raciales, qui me ressemblait. J'ai réalisé ô combien c'était enrichissant d'être avec un homme qui avait un parcours assez identique au sien. C'est la première fois que j'étais avec quelqu'un qui avait galéré comme moi, avait été tabassé, mal aimé, avait grandi dans des quartiers défavorisés." Et quand on lui dit que d'avoir dirigé ainsi JoeyStarr, c'est presque une déclaration d'amour, elle le redit encore : "Oui, je ne m'en cache pas, on s'est vraiment aimés..."
Si elle a développé en détails les dessous de son film, de sa plongée dans le monde de la brigade de protection des mineurs, des difficultés pour faire tourner des enfants sur un sujet aussi délicat que la maltraitance. Les policiers ont désormais vu son oeuvre : "Ce qui les a remués surtout, c'est le regard que je portais sur eux. Ça a été une vraie surprise pour eux, je crois." Son film rend en effet hommage aux actions des membres de cette brigade, en mettant en avant l'être humain au-delà du policier.
Polisse, c'est le projet d'une vie, le genre de film organique dans lequel la réalisatrice a mis tout son coeur, et qui prend aux tripes les spectateurs. Cette force, Maïwenn l'a acquise au fil des années, après une enfance faite de traumas, et elle s'est construite sans rien devoir à personne : "J'aurais aimé être redevable envers quelqu'un mais personne n'a été là, personne n'a cru en moi. Sauf ma monteuse."
Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le magazine Grazia du 14 octobre 2011