Cash et sans langue de bois, Marina Foïs joue le jeu de l'interview. Cela donne des sorties irrésistibles et pleines de tendresse lorsqu'elle parle de sa vie de famille, un regard sans concession sur son métier mais aussi des paroles très fortes sur des sujets difficiles. Ainsi, interrogée sur la question du genre dans le magazine Madame Figaro, elle explique ne pas avoir grandi en baignant dans les stéréotypes féminins grâce à ses parents, "des soixante-huitards", mais pas seulement. Une terrible blessure l'a poussée à masquer tout signe de féminité.
"Comme beaucoup de femmes, j'ai été victime d'abus sexuels, à 8 ans, perpétrés par l'un de mes baby-sitters. Cela a perturbé mon sentiment intérieur de féminité. Du jour au lendemain, j'ai cessé de porter des jupes et je me suis coupé les cheveux. Je peux aujourd'hui en parler calmement parce que c'est une histoire qui est intégrée depuis longtemps," explique Marina Foïs. Le temps a passé, elle s'est construit une superbe carrière d'une part et une famille solide de l'autre, avec son compagnon Éric Lartigau et leurs deux garçons.
Ce mois-ci, l'actrice à l'affiche d'Une intime conviction a également évoqué cette histoire traumatisante pour la revue Society : "Moi, je n'ai pas porté plainte après ce qui m'est arrivé à 7 ans [sic]. Parce qu'en fait, c'est une démarche lourde. Quelqu'un de très proche a été victime de viol, j'ai suivi le procès aux assises en entier, c'est bon quoi... L'esprit de justice et de vengeance m'a effleurée mais je n'avais pas eu l'énergie de porter plainte." Elle portera toutefois plainte plus tard, vers 20 ans, contre un faux directeur de castings qui piégeaient des jeunes femmes.
En toute franchise et sans jouer le politiquement correct, Marina Foïs a aussi confié à Society comment elle avait vécu le mouvement #Metoo : "J'ai surtout aimé #balancetonporc. Pas tant le hashtag que la réaction que ça a suscité chez les hommes et certaines femmes parfois plus misogynes que les hommes eux-mêmes. J'ai été fascinée par le fait que les femmes n'aient même pas le droit de récupérer leur violence. Oui, #balancetonporc, c'est violent. Oui, c'est limite, il y a parfois une forme de vulgarité. Mais il s'agit de dénoncer une violence dont on est séculairement victimes. On n'aurait pas le droit de la récupérer juste une fois, avec un petit hashtag ? Il faudrait que, là aussi, on soit élégantes, douces, mamans, et qu'on vous raconte une histoire au coucher ? Non, ce n'est pas comme ça. C'est un moment où les femmes ont pris la parole avec les armes de la colère, et avec la trivialité qui va avec. Ça m'a plu, moi."
Retrouvez l'intégralité de ses interviews dans Madame Figaro du 8 février 2019 et Society du mois de février 2019