Marina Ovsyannikova : Celle qui a défié Poutine libérée, mais passible d'une lourde peine de prison...
Publié le 17 mars 2022 à 08:37
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Le combat n'est pas terminé pour la journaliste et productrice de la puissante chaîne pro-Kremlin Pervy Kanal. Si elle a été libérée après avoir payé son amende, la femme de 43 ans et mère de deux enfants encourt une peine de prison très dure si elle est poursuivie au pénal.
Marina Ovsyannikova : Celle qui a défié Poutine libérée, mais passible d'une lourde peine de prison...
Marina Ovsyannikova, productrice de télévision russe, qui a fait irruption durant le JT le plus regardé de Russie. Ici avec son avocat après sa libération. Extrait diffusé par BFMTV de l'irruption de Marina Ovsyannikova lors du JT russe de Pervy Kanal où elle a dénoncé la guerre en Ukraine Vladimir Poutine (président de la Fédération de Russie) au Kremlin à Moscou, le 11 mars 2022. Guerre en Ukraine : Kiev est en ruine après les bombardements de la Russie le 15 mars 2022 Marina Ovsyannikova, productrice de télévision russe, qui a fait irruption durant le JT le plus regardé de Russie. Image provenant d'un compte Instagram à son nom
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Marina Ovsiannikova, son nom est désormais dans les médias du monde entier. Cette employée de la chaîne de télévision russe Pervy Kanal a fait irruption pendant un journal télévisé pro-Kremlin pour dénoncer l'offensive en Ukraine lancée par Vladimir Poutine. Elle a été libérée ce 15 mars 2022 avec une "simple" amende de 30 000 roubles (environ 250 euros au taux actuel), après son arrestation qui a suscité une indignation internationale, indique l'AFP. Mais les problèmes sont loin d'être finis pour cette femme de 43 ans et mère de deux enfants, puisqu'elle risque toujours des poursuites pénales passibles de lourdes peines de prison, aux termes d'une récente loi réprimant toute "fausse information" sur l'armée russe.

Après l'audience, pendant laquelle elle a refusé de reconnaître sa culpabilité, Marina Ovsiannikova a dit vouloir "se reposer" après cette épreuve "très difficile". "Il s'agit de jours très difficiles dans ma vie, j'ai passé près de deux jours sans sommeil, l'interrogatoire a duré 14 heures", a-t-elle dit dans une brève déclaration à la presse. "Je n'ai pas eu le droit de parler avec mes proches, ni eu accès à une assistance juridique, et c'est pourquoi j'étais dans une position très difficile", a-t-elle ajouté. "Aujourd'hui, je dois me reposer".

De fait, le plus dur pourrait être à venir pour la nouvelle égérie des opposants russes à l'opération militaire de Moscou en Ukraine. L'audience de mardi n'était en effet pas directement consacrée à l'action de Marina Ovsiannikova sur Pervy Kanal, mais à une vidéo diffusée parallèlement sur internet dans laquelle elle dénonce l'entrée des troupes russes en Ukraine. Marina Ovsyannikova risque encore, pour cette intervention en direct, des poursuites au pénal passibles de lourdes peines de prison. Dans le cas où elle serait poursuivie pour publication "d'informations mensongères" sur l'armée russe, la journaliste et productrice risque jusqu'à 15 ans d'emprisonnement, ce que craint son avocat. La simple utilisation du mot "guerre" par des médias ou des particuliers pour décrire l'intervention russe en Ukraine est passible de poursuites, le Kremlin et ses médias utilisant le terme d'"opération militaire spéciale".

Signe que l'action de protestation de Marina Ovsiannikova a déplu au sommet du pouvoir, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dénoncé mardi un acte de "hooliganisme". L'acte de Marina Ovsiannikova est d'autant plus notable qu'il est de plus en plus difficile pour les Russes d'exprimer leur opposition. Dans sa vidéo enregistrée avant sa soudaine apparition devant les caméras, cette personnalité de père ukrainien et de mère russe a expliqué son refus de voir la Russie et l'Ukraine comme des ennemis et regretté d'avoir fait la propagande du Kremlin ces dernières années sur la chaîne Pervy Kanal : "J'en ai très honte aujourd'hui."

Le courage de cette productrice de télévision qui a critiqué l'opération militaire de Moscou en Ukraine et dénoncé la "propagande" des médias contrôlés par le pouvoir a été salué dans le monde entier. Le président Emmanuel Macron est même allé jusqu'à se dire prêt à lui offrir "une protection consulaire", soit à l'ambassade, soit en lui accordant l'asile.

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