Si, en dépit de son appel du pied pas du tout subliminal lors d'un événement organisé par le prince Charles et son épouse l'an dernier, Mario Testino n'a pas été sollicité par le duc et la duchesse de Cambridge pour réaliser les portraits de leur fils le prince George, le photographe de mode de renom, doublé d'un philanthrope jusqu'à la moelle, n'en demeure pas moins un ami très proche de la famille royale britannique. Et, aussi, un témoin privilégié des amours du prince William et de Kate Middleton.
Logiquement absent - pour cause de nationalité étrangère au Commonwealth - de la promotion du Nouvel An de Sa Majesté pour les décorations dans l'ordre de l'empire britannique, l'artiste péruvien a tout de même eu le bonheur d'être fait ce mois officier honoraire du prestigieux ordre, à l'initiative du ministre de la Culture Ed Vaizey, ainsi que l'a révélé mi-janvier la BBC. Non éligible à l'OBE en raison de sa nationalité, le voilà néanmoins récompensé à titre honorifique pour ses travaux photographiques, mais aussi ses contributions philanthropiques (outre sa propre fondation créée en 2012, MATE, il a oeuvré pour la Elton John Aids Foundation, Sargent Cancer Care, l'amfAR, Save the Children, Women to Women...). "Mario Testino, a loué Ed Vaizey, est l'auteur de quelques-unes des photographies les plus iconiques dans le monde de la mode des dernières décennies, de Kate Moss à Madonna, de Diana princesse de Galles à Michelle Obama, et il est aisé de comprendre pourquoi il est devenu aussi apprécié et respecté des éditeurs et des sujets qui posent devant son objectif. Mais il a aussi laissé son empreinte à travers ses larges actions caritatives, levant des fonds importants notamment pour la lutte contre le sida, et cet honneur, il le mérite amplement."
Mario Testino et la Grande-Bretagne, quelle belle love story !
De son côté, Mario Testino a réagi avec émotion à cette annonce, évoquant sa belle histoire avec son pays d'adoption : "Je suis arrivé du Pérou en 1976, à Londres, et c'est là que j'ai découvert mon métier et un monde de possibilités que je n'aurais jamais imaginé. Je suis humblement touché par cet honneur ; ce n'est pas rien de le recevoir de la part du pays qui m'a permis d'avoir cette vie et m'a montré comment rendre aux autres ce que je reçois."
Le rapprochement de Mario Testino et de la couronne d'Angleterre remonte à la fin des années 1990 et ce shooting mémorable de Lady Diana pour Vanity Fair - des photos qui seront publiées en 1997 quelques mois avant la disparition tragique de la princesse de Galles. Depuis, le photographe, en parallèle de son travail avec les plus grandes icônes contemporaines (de Kate Moss, Kim Basinger ou Nicole Kidman à Lady Gaga, Jennifer Lawrence et Cara Delevingne) et avec d'autres têtes couronnées (Willem-Alexander et Maxima des Pays-Bas, Rania de Jordanie, Haakon et Mette-Marit de Norvège), s'est régulièrement mis au service des royaux anglais, se signalant dans un passé récent en réalisant les deux portraits des fiançailles du prince William et de Kate Middleton ainsi que celui figurant dans le programme de leur mariage le 29 avril 2011 à Westminster.
Dans une interview accordée au Daily Telegraph, le photographe vedette s'est confié en des termes très effusifs sur son histoire d'amour avec la Grande-Bretagne, et sur ses relations privilégiées avec la famille royale. "C'est merveilleux ! C'est comme être amoureux depuis des années de quelqu'un qui garde ses distances et qui, d'un seul coup, vous dit un beau jour : "Je t'aime aussi" !", s'extasie-t-il en commentant l'honneur qui vient de lui être fait. Et de se remémorer le début de cette relation : "J'étais dans ma vingtaine quand je suis arrivé ici et que j'ai commencé ma carrière. J'étais béat d'admiration devant les Britanniques : ils étaient si sophistiqués, intellectuels, drôles. Je voulais leur ressembler, explique celui qui avait fui la misère culturelle et les vêtements uniformes de son pays pour poursuivre une carrière dans la photo que ses parents ne voyaient pas d'un bon oeil. Avec le temps, j'ai compris que je ne pourrais pas être anglais, mais les Anglais m'ont permis d'être moi-même. Si je pouvais, je vivrais en permanence ici. Mais je ne peux pas, car il n'y a pas assez de travail - je vais en Amérique, en Italie, en France. Quand les gens me demandent où je vis, je leur réponds : 'A bord de British Airways'."
Ébahi devant Diana...
Et Diana entra dans sa vie. En 1997, Christie's met aux enchères 79 robes de la princesse de Galles. A cette occasion, on décide de réaliser des shootings pour Vogue et Vanity Fair. Lord Snowdon hérite de la commande pour Vogue... "Meredith Etherington-Smith suggéra alors que Diana collabore avec quelqu'un de nouveau pour Vanity Fair - moi. Je savais d'emblée que ce shooting serait différent." Il l'a été, et pas seulement du point de vue de son résultat : "J'étais ébahi par cette personne qui, bien qu'elle ne manque de rien, allait nourrir les sans-abri et visiter des enfants souffrants et des malades du sida. C'était comme un conte de fées. Qui était-elle vraiment ? Pourquoi faisait-elle cela ? Elle cherchait l'amour. Je voulais que le monde voit sa gentillesse, son humilité", se rappelle Mario Testino, sans occulter pour autant les aspects concrets de la séance, dirigeant avec précision le maquillage.
Plus de dix ans après, le photographe rencontrait en 2008 les fils de Lady Di, le prince William et le prince Harry, à l'occasion d'une exposition de ses photographies de la défunte princesse à Kensington Palace. "Je les avais invités sans les connaître, parce que j'avais l'impression qu'il me fallait leur bénédiction pour un tel projet. Ils sont venus découvrir les salles avec Kate Middleton et Chelsy Davy. (...) Le prince Harry est la copie conforme du prince Charles : ils ont la même manière d'être, le même sens de l'humour, la même assurance. Le prince William est plus comme sa mère, il y a en lui une gentillesse et une douceur qui vous subjugue instantanément."
Fiançailles de William et Kate : un shooting peu concluant, quand soudain...
Déjà, à l'époque, il constatait à quel point le jeune couple semblait éperdument amoureux, et les voyait rester ensemble pour la vie. En 2010, c'est à lui qu'ils faisaient appel pour immortaliser cet amour à l'occasion de leurs fiançailles : "J'ai attendu un bon moment, une heure ou deux, pour obtenir la photo parfaite. Mais je n'étais pas totalement satisfait. Et puis, une fois que la séance photo était terminée, ils s'apprêtaient à partir et se sont soudain enlacés devant un radiateur. J'ai pris mon appareil et ça a donné l'image qu'on a vu partout - c'était une émotion spontanée... On y voit bien qu'ils sont follement amoureux." De la duchesse de Cambridge, qu'il définit comme "belle d'une manière différente de Diana", il dira encore qu'elle "irradie de bonheur" et "est à l'aise dans son amour". Ce qui justifie d'autant mieux son postulat : "Avec mon appareil photo, je scrute à l'intérieur de la personne. S'il ne s'agissait que de la surface, mes photos seraient tellement ennuyeuses..."