Le palmarès du 67e Festival de Cannes aura surpris bon nombre de festivaliers et de journalistes présents sur la Croisette. Le sacre de Nuri Bilge Ceylan – un habitué des prix cannois, lui qui a déjà remporté deux Grand Prix et un Prix de la mise en scène – a mis fin aux espoirs d'autres films et cinéastes.
Les Dardenne et Marion Cotillard
S'ils espéraient entrer dans l'Histoire en s'offrant une troisième Palme d'or, les frères Dardenne devront attendre encore un peu. Deux jours, une nuit, porté par une Marion Cotillard qui n'aurait probablement pas craché sur le Prix d'interprétation féminine, était trop peu subtil dans ses portraits de personnages selon certains pour séduire le jury emmené par Jane Campion. Bon nombre de journalistes s'étonnaient déjà de ne voir aucun membre de l'équipe du film ayant été rappelés pour l'ultime montée des marches. Mais à l'inverse de Julianne Moore, également absente mais primée, l'absence de Marion Cotillard pouvait en dire long sur l'échec de l'actrice française. Ainsi, après De rouille et d'os en 2012 et The Immigrant l'an dernier, c'est la troisième déception consécutive pour Marion Cotillard dans ce Festival de Cannes qui boude toujours la star française lors des récompenses, mais pas dans sa sélection.
Saint Laurent, conceptuel mais bredouille
A sa découverte samedi dernier (17 mai), Saint Laurent a fait beaucoup parler. Un exercice stylistique, une peinture, un bijou de mise en scène par Bertrand Bonello... tristement oublié au palmarès crieraient quelques journalistes. Jane Campion, pourtant amatrice du style pictural et de la mise en scène léchée, aurait-elle été victime de l'overdose visuelle ? Et que dire de la prestation pleine de justesse de Gaspard Ulliel en Yves Saint Laurent, lui aussi manquant au palmarès.
Timbuktu, Sils Maria...
Premier coup de coeur du Festival, le très beau Timbuktu d'Abderrahmane Sissako est reparti bredouille, tout comme Sils Maria, le dernier coup de coeur. Olivier Assayas aurait pu espérer notamment un prix d'ensemble pour ses trois actrices, Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloë Grace Moretz. Bennett Miller aurait pu avoir la même réflexion pour Steve Carell et ses deux comparses de Foxcatcher, Channing Tatum et Mark Ruffalo. Naomi Kawase, qui espérait "la Palme sinon rien", est repartie avec rien, malgré le très apprécié Still The Water. Enfin, Tommy Lee Jones , prix d'interprétation pour Trois enterrements, n'a pas été rappelé pour The Homesman.
Pas assez de prix à distribuer
Devant autaut de déçus, synonyme d'une compétition riche et serrée, Jane Campion a justifié le choix de son jury. "Nous avons été nombreux à aimer de nombreux films, mais nous n'avions pas assez de prix à distribuer, avoue la présidente. C'est toujours un problème. Nous avons débattu plus longtemps."
C.R.